Multinationales = méfiance, méfiance
Des décennies de pilonnage contre l’action collective
Le libéralisme a organisé depuis des années la défiance envers l’idée du collectif, de l’action commune, et, finalement, de l’Etat. L’Etat, l’institution qui symbolise et organise le collectif. Pour l’idéologie libérale, seules les entreprises créent la richesse. Les autres acteurs (organisations de la société civile, administrations, et au sommet, l’Etat) sont des parasites qui en captent une part toujours trop importante. Cette idéologie a martelé ces idées depuis 40 ans. Au point de délégitimer l’Etat. De faire perdre son crédit à l’action publique,. Aux hommes et femmes politiques.
Il faut dire que ces derniers ont contribué à cette délégitimation. Ils ont accepté la réduction de leur pouvoir réel, le marché récupérant ce pouvoir d’agir. C’est ainsi creusé l’écart vertigineux entre promesses électorales et capacités politiques. La délégitimation du politique s’est aussi effectué par l’extension du sentiment d’impunité qui a fait prendre aux politiciens des libertés avec la Loi. Au Nord comme au Sud. Dissimulation de patrimoine, comptes off shore, évasion et fraude fiscales, corruption directe ou indirecte, emplois fictifs…
Une chute du firmament symbolique !
Aujourd’hui, nous sommes face à un phénomène nouveau. Ce sont les organisations fétiches que l’idéologie libérale a mises en haut du paysage symbolique, les entreprises, qui sont touchées. Les organisations de la société civile ont en effet mis à jour les atteintes au bien commun par la plupart des grandes firmes. On comprend aujourd’hui qu’elles enrichissent une partie de plus en plus limitée de personnes, et, de plus, qu’elles le font au prix d’atteintes à la santé, à l’environnement, à l’éthique, à la Loi.
Et parmi les entreprises, les banques sont encore plus dévaluées dans la conscience collective. Elles ont mis le monde en crise en 2008. Elles ont mobilisé les Etats (donc nos impôts) pour leur sauvetage. On a pu lire sur les murs de France ce slogan malicieux qui associe en si peu de mots justice sociale et défense de l’environnement « Plus de banquise. Moins de banquiers »
Multinationales = méfiance
Ce sont les tromperies des consommateurs sur la qualité des produits (obsolescence programmée). Sur leurs performances environnementales (truquage des tests par les grandes firmes automobiles), sur leurs nocivité (aliments, produits d’entretien). Sur leurs effets sur la santé et la biodiversité (engrais chimiques)… C’est aussi l’évasion fiscale organisée à grande échelle par les banques au profit des grandes entreprises, en toute légalité… Ce sont des conditions sociales dégradantes imposées par Amazone à ses salariés précaires… C’est enfin la maltraitance de tous que font subir les entreprises et notamment les opérateurs du numérique dans leur façon de se dérober à l’interpellation directe des consommateurs par l’intermédiaire des robots répondeurs (tapez 1, tapez 2…).
Sur quoi faire tenir ensemble les sociétés ?
Quand l’Etat et le respect de la Loi sont dévalués, quand les Entreprises, prises la main dans le sac, sont également démasquées… Les religions, les mouvements extrêmes nourris de replis identitaires ont devant eux un boulevard auprès des populations que la mondialisation fragilise sur le plan social et identitaire.
La post-modernité, l’hypermodernité qui s’offrent ainsi à nous combinent des aspects de dissolution des normes, de non-respect des cadres institutionnels par les puissants, de l’essoufflement des cadres structurant la société (Etats, partis politiques, syndicats…). C’est la « modernité liquide » qu’a théorisé Zygmut Bauman. Mais à coté de cette liquéfaction des règles sociales, s’érige en force dure les institutions publiques de sécurité, les outils de répression, le contrôle sur les populations.
voir –> Captation ou création de richesse?
Le « libéralisme autoritaire » prend ces formes ! Et prétend même être la barrière ultime contre le populisme xénophobe ! Quelle dérision !
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