« La Croisière » d’Emmanuel ROBLES (note de lecture)

« La Croisière » d’Emmanuel ROBLES. Un drame humain, un drame social, un drame de la mer. L’auteur nous tient en haleine avec l’histoire de Georges, employé comme interprète auprès des clients d’une croisière, à bord d’un voilier qui va longer la côte italienne de Cannes à Palerme.

Emmanuel Robles déploie tout son talent d’écrivain dans le partage qu’il nous propose des doutes qui assaillent Georges. Lui qui s’est fourvoyé dans cette « galère » pour gagner sa vie, sur ce voilier de luxe. Lui qui, après sa démobilisation en 1945, sautille d’un métier à l’autre.

A bord, il tombe sur deux couples dont les hommes, businessmen, sont en affaires. Et sur leurs épouses, plus ou moins délaissées, vivant dans l’ennui du luxe que les activités de leurs maris leur assure.

L’empreinte de la guerre

Georges a fait la guerre sur le front italien, au sein des troupes françaises qui ont repris aux Allemands le Monte Cassino. Dans des conditions de combat d’une extrême violence. Il a risqué sa vie. Il a côtoyé la mort de très près. Huit ans après, quand cette « Croisière » se déroule, il reste profondément marqué par cet épisode de guerre vécu quand il avait 22 ans.

Les jeux de séduction

Georges est amoureux de Madeleine, une parisienne récemment rencontrée, auprès de qui il hésite à s’engager.

A bord, les deux épouses rivalisent de séduction pour s’attacher les faveur de ce jeune homme plein de vie et d’énergie. A bord, mais aussi dans les Casinos et les visites qui ponctuent en autant d’escales la croisière.

Les rapports se tendent entre lui et l’un des maris. Celui-ci cherche à l’humilier en lui rappelant son statut de simple interprète. Tandis qu’il assiste, impuissant, aux émois que son épouse manifeste devant le jeune homme.

Celui-ci cherche à entrer en lien avec l’équipage et son capitaine qui affiche une froideur toute professionnel.

Un drame de la mer

Un drame où se mêlent droit maritime, prise d’un grand navire, et exacerbation des conflits entre Georges et les deux maris.

Dans l’étouffante chaleur d’un ciel voilé, sur une mer d’huile, le voilier rencontre un grand cargo immobile, muet, sans ses canaux de sauvetage. Le capitaine et un de ses marins montent à bord. Ils constatent que cargo a subi l’explosion de son moteur et a perdu sa radio. Il est totalement déserté par son équipage. Il est devenu, juridiquement, une épave, c’est-à-dire un bâtiment innavigable et abandonné. Le capitaine et ses matelots conçoivent donc de le capturer en le remorquant comme prise vers un port.

Les passagers refusent, arguant d’une rupture du contrat qui les lie au capitaine. Celui ci propose alors de laisser un homme sur le bateau, ce qui rompra juridiquement avec son statut d’épave. Puis d’aller déposer les passagers à Palerme, et de revenir prendre le bâtiment. Georges se propose pour rester, seul, à bord du cargo. Il marque alors clairement sa place auprès de l’équipage.

L’ultime lutte de Georges

Dans l’attente du retour du voilier, Georges lutte, seul, pour maintenir à flot de cargo qui prend l’eau. Au cours d’un de ses déplacements dans la carcasse déchirée du navire, il fait une chute qui le blesse profondément à l’abdomen.

Le Capitaine tient sa promesse

Il revient chercher Georges et le cargo. Devant l’état de l’homme meutri, il rentre au plus vite à Palerme. Georges meurt à l’hôpital d’une blessure comme il en a vu tant dans les combats meurtriers qu’il a mené quelques années avant.

Avec « La Croisière », Emmanuel Robles…

… nous montre toute sa capacité à nous parler des passions, des questionnements qui agitent ses personnages. Dans la complexité des relations humaines où la psychologie de chacun percute les enjeux sociaux qui nous déterminent. Avec un sens du suspens hautement maitrisé.

& & &

Emmanuel Roblès, né en 1914 à Oran (Algérie)1 et mort en 1995 à Boulogne-Billancourt (France), est un écrivain français (Wikipédia). Pour en savoir plus sur l’auteur, voir ==> ICI

Du même auteur, voir la note de lecture de « Les hauteurs de la ville »  ==> ICI