La Chine La Chine !
Textes, notes de lecture, images… ce site parle de la Chine avec abondance. De Chine et d’autres sociétés d’Asie. Japon, Inde, Vietnam…
Pourquoi ?
En tant qu' »économiste du développement », l’émergence de la Chine et des autres pays de l’Asie de l’Est a représenté pour moi une aventure passionnante à observer, analyser, comprendre. Dans son développement économique, mais aussi (et surtout) dans ses mutations sociales, politiques, culturelles !
Les « miracles asiatiques » après celui du Japon : le « vol d’oies sauvages »
En tant qu’économiste travaillant sur ces sujets, je ne pouvais rester éloigné des sociétés qui se sont effectivement arrachées au sous-développement. Ce fut le cas, dans les années 1960-70 des premiers « Dragons » : Hongkong, Singapour, puis Corée du Sud et Taiwan.
Puis, suivant le « vol des oies sauvages » derrière le Japon, vinrent la Thaïlande, la Malaisie, l’Indonésie…
Un certain rapport de la Banque mondiale en 1993…
Au début des années 90, la Banque mondiale publie un Rapport intitulé « Le Miracle asiatique » [1] Un rapport qui montrait le rôle majeur de l’Etat dans les processus d’émergence. Un Etat stratège, capable de coordonner les acteurs et de protéger d’une façon non stérilisante, ses industries naissantes. Toutes choses qui contredisaient la doxa libérale qui était en train de se consolider partout ailleurs dans le monde [2]. Les Etats Unis avaient tout fait pour étouffer la publication de ce rapport. Le Japon avait réussi à imposer sa sortie.
Après les premiers Dragons, ont suivi la Chine et le Vietnam
La République Populaire de Chine s’était aventurée dans ses premières années dans des expériences politiques et économiques catastrophiques et terriblement meurtrières. Le « Grand bond en avant » de 1958 à 1960. Suivi, de 1966 à 1976, d’une décennie de chaos politique qui a pris le nom de « Révolution Culturelle ».
La Chine : un capitalisme piloté par l’Etat sans ouverture démocratique
En 1978, la Chine met au point un mode d’émergence économique graduel qui combine Etat stratège centralisé et ouverture sur le marché. « Que le chat soit blanc ou noir, pourvu qu’il attrape la souris ! »
En 2011, après 15 ans de négociation, la Chine intègre l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Elle l’a fait au moment où elle avait atteint le niveau de développement industriel qui allait la faire bénéficier du libre-échange. Pas avant. Car avant, l’ouverture aurait été destructrice pour son tissu industriel « naissant ». En stratège accomplie, la Chine est entrée dans la mondialisation du libre-échange au bon moment pour elle !
Avec sa masse démographique, la Chine a pesé d’une façon décisive sur les dynamiques économiques mondiales. Les pays du Nord ont investi massivement en Chine (et au Vietnam), assurant leur désindustrialisation. La Chine est devenue « l’Atelier du monde » [3].
L’émergence des pays d’Asie de l’Est s’est réalisée selon des stratégies endogènes
Ainsi, les pays qui ont émergé en Asie de l’Est l’ont fait sans suivre les recommandations du FMI ou de la Banque mondiale. Mais en définissant et en suivant des stratégies élaborées en leur sein. « En comptant sur ses propres forces » comme le dit un slogan de cette région [4].
L’émergence des pays d’Asie de l’Est : une démonstration de l’échec de la pensée libérale
Bref, les pays d’Asie de l’Est, dans leur émancipation de la pensée du Nord, ont représenté un exemple flagrant de la défaillance de la pensée libérale à soutenir le développement. Une pensée que le Nord continue d’imposer, par la conditionnalité de ses aides, aux pays faibles. Cela constitue un exemple non moins flagrant de l’importance de l’élaboration endogène des phénomènes de changement social [5].
Les pays arabes ou ceux d’Amérique latine se sont prévalu d’être les bons élèves du FMI et de la Banque mondiale. Ils n’ont pas entamé leur processus d’émergence, loin de là [6].
Pour autant, la voie capitaliste originale que les pays d’Asie ont choisie, combinant d’une façon stratège intervention étatique et dynamisme des marché, n’a pas comporté que des aspects positifs. Envahissement de la culture de consommation, hausse vertigineuse des inégalités (certes, à partir d’un point de départ peu élevé), destruction de l’environnement, durcissement autoritaire… accompagnent cet effort d’émergence.
Aujourd’hui, un nouvel ordre mondial s’élabore
Un ordre où les Etats Unis, et l’Europe à sa suite, ne seront plus les seuls à écrire les règles du jeu mondial. D’autres acteurs se sont hissés à la table où s’écrivent ces règles.
Pour ma part, j’y vois un avantage. Pour sortir les sociétés de la planète d’une soumission à un seul modèle dominant.
Surtout depuis l’effondrement de l’URSS où les Etats Unis sont devenus un facteur majeure d’insécurité dans bien des régions du monde, notamment au Proche Orient. Et par là même en Afrique et en Europe. L’arrivée de la Chine apporte de l’air au jeu mondial. Il y a désormais « #2 éléphants dans la boutique ». (voir ==> ICI)
C’est une raison pour mieux connaitre ce nouvel éléphant !
Un éléphant qui est entré sans crier gare dans la boutique du monde. Avec ses forces et ses faiblesse, avec ses ambitions et ses zones obscures… Apprenons à connaitre cet éléphant-là. Sans naïveté. Mais sans réticences. Apprenons à mieux connaitre la Chine pour mieux résister à la déferlante des médias du Nord qui diabolisent ce grand pays.
Ce site y contribue, à sa mesure. Textes, notes de lectures, images. C’est à vous !
Léon, 12 ans, apprend le mandarin à l’école à Paris. C’est super !
& & &
[1] Voir présentation et commentaire de ce rapport ==> ICI
[2] Dans notre travail « La bonne gouvernance est elle une bonne stratégie de développement », nous avons documenté quantitativement le succès des pays qui s’étaient dotés d’un Etat stratège. Voir ==> ICI
[3] Voir La voie chinoise. Capitalisme et Empire – Michel Aglietta et Guo Bai 2012). Note de lecture ==> ICI
[4] On notera d’ailleurs que lors de la crise financière de 1997 qui a touché tous les pays émergents d’Asie de l’Est, le pays qui est sorti le plus rapidement de la crise et avec le moins de dommages économiques et sociaux, la Malaisie, n’a pas suivi les recommandations du FMI. Les Etats Unis, et l’Europe à leur suite, ont pesé pour des stratégies « orthodoxes » qui ont enfoncé les autres pays en crise. Tandis que la Malaisie s’en sortait beaucoup mieux. Encore Bravo à la pensée libérale ! ! ! Selon Jeffrey Sachs ; « Au lieu d’éteindre les flammes, le FMI a crié ‘Au feu !’ en plein théâtre ». Sur la crise asiatique de 1997-1998, voir ==> ICI
[5] Ce point constitue l’essentiel de la pensée développé dans l’ouvrage : SUD ! Un tout autre regard sur la marche des sociétés du Sud, Jacques Ould Aoudia, Ed. L’Harmattan, 2018.
[6] Voir Croissance et Réformes dans les pays arabes méditerranéens, Jacques Ould Aoudia, Ed. Karthala, 2008.
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