« Niré » d’Aki SHIMAZAKI. Comme dans tous ses romans précédents, l’auteure fait de la filiation le fil de son écrit. Une filiation questionnée, avec une angoisse sur sa propre identité. Dans ce roman « Niré », Aki Shimazaki entremêle ce fil avec celui de la mémoire. Nobuki Niré, le héros du roman, voit sa mère, Fijiko, décliner sous l’emprise de la maladie d’Alzheimer. Elle ne reconnait plus son fils.
Le « reconnaitre » ?
Cette non-reconnaissance plonge Nobuki dans un grand trouble. Est-il bien son fils ? N’a-t-il pas été adopté ? Il se lance dans une quête de vérité, en tentant de mobiliser les souvenirs de sa sœur ainée, de son père. D’une ancienne amie de sa mère…
Nobuki et sa femme ont deux filles
La vie familiale est harmonieuse. La musique classique occidentale joue en toile de fond une musique puissante et douce. Dans le temps du roman, Nobuki apprends de sa femme qu’elle est enceinte. Va-t-il avoir un garçon ? Comme il a été lui-même désiré par son père après la naissance de ses deux sœurs, dont l’ainée a disparu victime d’un cancer ?
Souvenirs, mémoire : le journal de la mère
Nobuki tombe par hasard sur le journal intime que Fujiko, sa mère, a écrit il y a quelques années. Elle y consigne, méthodiquement, ses activités quotidiennes, les plats qu’elle a préparé, ses rencontres… Pour ne pas oublier. Elle sait que sa mémoire flanche. Que la maladie dégénérative du cerveau la menace. Elle veut tout écrire pour que reste une trace qui lui permette de… de quoi au juste ?
La mère évoque aussi, dans son journal, des souvenirs plus anciens. Ceux d’un garçon de sa classe, à l’école primaire, qui capturait toutes les attentions. Beau, intelligent, bienveillant… Elle en était amoureuse, comme toutes les fille de la classe.
Mais, plus terrible, Nobuki découvre dans ce journal le secret qui scelle le mystère de sa descendance. Son « père » n’est pas son père. Il est le fruit des amours passagères de sa mère avec un inconnu. Une relation que la mère avait eu pour apaiser sa douleur de savoir son mari en liaison régulière avec une de ses anciennes amies.
Nobuki jette alors sur le mari de sa mère, celui qu’il a toujours pris pour son père, un tout autre regard. Cet homme, dont le nom de famille est « Niré », n’est pas son père biologique ! Il n’est pas, lui-même, du sang de la lignée Niré ! Et cela le met dans un grand trouble. Alors même que sa femme est enceinte, et qu’il espère avoir un garçon.
C’est autour de ce secret dévoilé, que le fil invisible de l’ouvrage se tisse. Dans les souvenirs, perdus, retrouvés.
A petites touches de couleurs douces
Le livre est tout en couleurs pastel. Tout en douceur dans les gestes, les sentiments, les échanges entre les êtres. Pourtant, des choses graves, lourdes, se sont jouées au fil du récit. Dans la conscience et les doutes sur l’identité du personnage principal du roman, Nobuki.
Un jour, il interroge son « père » qui lui répond d’une façon apaisée. Le père connait la vérité sur l’ascendance de son « fils ». Nobuki et surtout « son père » sont soulagés d’apprendre mutuellement que l’autre a connaissance du lourd secret. Un secret qui, finalement, les tient liés. Dans la vérité de l’amour paternel que Nobuki et « son père » ont tissé, concrètement, au fil des jours.
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Aki Shimazaki est une écrivaine québécoise, née en 1954 à Gifu au Japon. Elle a immigré au Canada en 1981 et vit à Montréal depuis 1991. Écrits en français, ses livres ont été traduits en anglais, japonais, serbe, russe, italien, portugais, allemand, hongrois et espagnol (Wikipédia). Pour en savoir plus sur l’auteure, voir ==> ICI
Voir les notes de lectures sur ce site des romans antérieurs. Notamment, « Le poids des secrets », un roman en 5 petits épisodes ==> ICI