« Le dernier souper » de Shûsaku ENDÔ. Trois courtes nouvelles qui nous plongent, chacune, dans l’immense tristesse de situations où le macabre le dispute à l’absurde.
« Les ombres »
C’est l’histoire d’un prêtre catholique occidental qui vit son sacerdoce au Japon. Homme fort, déterminé, il a pris un ascendant certain sur les japonais catholiques; Ceux-ci vivent difficilement leur foi dans un pays marqué par le nationalisme et la guerre. La mère de l’auteur fait partie des personnes qui suivent aveuglément le prêtre. Cette influence a coloré la vie de l’auteur enfant d’un voile de piété austère, plein d’austérité et de culpabilité face aux mouvement de la vie.
Ce prêtre, si sûr de sa foi, si ardent dans ses propos moralisateurs… a failli. Il est « tombé ». Tombé amoureux d’une jeune japonaise Il a eu un enfant d’elle. Déchu de son statut de prêtre, il a erré dans le Japon de l’après-guerre, triste et défait. Dans la nouvelle « Les ombres », Shûsaku Endô s’étonne de la persistance de son attachement à cet homme.
« Le retour »
La seconde histoire croise un récit macabre et une histoire loufoque. Shûsaku Endô redoute l’épreuve d’avoir à assister au transfert des restes de sa mère pour incinérer ses ossements qu’un fossoyer va déterrer, 30 ans après sa mort. L’auteur finit par accepter d’assister à ce geste.
Alors qu’il se décide à le faire, une cousine lui demande de dérober un chien battu par un voisin, au prix d’un scénario tristement grotesque. Endô recueille l’animal, malingre, craintif… Mais celui-ci se sauve et retourne à sa servitude volontaire, aux coups et aux privations. Shûsaku Endô s’identifie à ce chien, en une lugubre rumination.
« Le dernier souper »
Le troisième récit nous fait partager l’interrogation d’un psychiatre qui s’attache à un homme qui ne cesse de se détruire par la boisson. Il pressent qu’un lourd secret pousse cet homme à ces extrémités funestes. La cirrhose s’empare du pauvre homme et connait une évolution fulgurante.
Avant de mourir, l’homme finit par se confier. Soldat en Birmanie pendant la Seconde Guerre Mondiale, lui et son bataillon ont dû fuir devant des soldats britanniques formées d’Anglais et de Gurkhas qui les avaient encerclé. Il a réussi à s’échapper. La fuite dans la jungle est atroce. Les soldats japonais n’ont pas de vivre. Notre homme finit par avouer qu’il a mangé de la chair humaine. Pire, celle prélevée sur le corps de son ami, soldat comme lui, blessé à mort par un obus.
L’auteur met sur cette scène lugubre un bénévole argentin qui vient, chaque samedi, soutenir le moral des patients de l’hôpital. On apprendra que cet homme a fait partie des passagers de l’avion qui s’était abîmé dans les Andes enneigées. Pour survivre, les rescapés de l’accident avaient mangé la chair des passagers morts à côté d’eux [1]. Et, en chute du livre, Endô nous fait part d’une information macabre. Un touriste japonais en France est soupçonné d’avoir dévoré son amie, étudiante à Paris.
Y a-t-il un humour caché (bien caché) chez cet auteur ?
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Shūsaku Endō, né en 1923 à Tokyo et mort dans la même ville en 1996, est un écrivain japonais, connu pour avoir écrit sur sa foi catholique. Wikipédia. On peut en savoir plus sur l’auteur ==> ICI
D’un autre roman japonais, suinte une grande tristesse. Il s’agit de « L’Annulaire » de Yôko Ogawa. Voir la note de lecture ==> ICI
[1] En 1972, un avion transportant de jeunes rugbymen d’Uruguay s’écrasait dans la Cordillère des Andes. Les rescapés y passeront 72 jours coupés du monde; Et se résoudront à manger la chair de leurs camarades morts, pour survivre. Cette histoire avait fait grand bruit à l’époque. Voir ==> ICI
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