Algérie, le choc des deux imaginaires

La guerre de libération (1954-1962) s’est menée par la mobilisation de deux imaginaires contradictoires

 

Imaginaire djihadiste, mobilisant contre le pouvoir colonial tenu par les infidèles, les paysans de l’intérieur et une partie de la population pauvre des villes. A ces soutiens, d’ajoutent, au plan international, certains acteurs arabes extérieurs

 

Et imaginaire « des Lumières », de la liberté, de l’émancipation des peuples, du socialisme. Un imaginaire mobilisant la moyenne bourgeoisie urbaine algérienne, les intellectuels. Et faisant lien avec les mouvements progressistes du monde occidental et les soutiens publics des pays du bloc socialiste.

 

On n’a voulu voir que ce qui nous concernait

 

Avec une parfaite cécité pour l’engagement de l’autre, chacune des forces n’a voulu voir que l’imaginaire qui lui convenait. Celui dans lequel elle s’est investie pour s’engager dans la lutte de libération, si longue et douloureuse. Et, pour les acteurs extérieurs, pour soutenir cette lutte.

 

L’imaginaire de liberté et/ou de socialisme s’est fracassé sur l’échec du développement algérien et sur la rente pétrolière

 

Après l’échec du pouvoir né de l’Indépendance, c’est l’imaginaire djihadiste qui a triomphé en Algérie. Il a servi de base aux mouvements islamiques. A leurs succès électoraux, leur violence après le vol de ces succès par l’armée. Leur échec final après un bain de sang dans une grande confusion.

 

Au total, une société hagarde, sidérée par ce double échec, pulvérisée, disloquée. Et finalement, aspirée depuis le milieu des années 2000, par la distribution aux différentes couches sociales d’une partie des sommes tirées des hydrocarbures. Des sommes colossales augmentées par la hausse vertigineuse des prix du pétrole et du gaz. La baisse du prix du pétrole et sa récente remontée ne changent pas le modèle.

 

La société se redresse lentement avec l’éloignement des horreurs de cette seconde saignée en un demi siècle. Elle se reconstruit en dehors du monde « dur » des institutions établies, à partir de ses logiques propres, portée par la jeunesse.

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 Sur l’histoire longue de l’Algérie, voir l’œuvre de Jean Claude Vatin ==> ICI

Sur la Guerre d’Algérie, voir ==> ICI