« Une mort très douce » de Simone DE BEAUVOIR. Un ouvrage singulier où l’auteure dévoile son vécu, ses émotions, ses réflexions, alors que sa mère va mourir. Elle écrit les tourments qu’elle éprouve dans ce moment grave.

Et elle publie ses écrits ! Elle les livre ainsi à notre propre réflexion sur ce qui attend la plupart d’entre nous. Le fait de vivre le départ de ses parents. Elle ne dit pas tout. C’est impossible. Il faut qu’une part des choses reste tue, cachée, non dite, enfouie. Mais elle dit beaucoup. Enormément. Impossible de ne pas être touché !

Elle s’interroge sur ce que signifie : « prolonger la vie »

Avec l’inconnue des effets des actes médicaux posés. L’inconnue du temps qui reste à vivre. De la résistance du corps souffrant. Que se serait passé si on n’avait pas opéré ? Pourquoi cet acharnement des médecins à vouloir faire prévaloir leurs solutions techniques pour maintenir la vie ?

Que signifie « maintenir la vie » ? Pourquoi la douleur n’est-elle pas mieux réduite ? Peut-on souhaiter la mort prochaine de l’être que l’on aime pour abréger sa douleur ? Pour que cesse sa déchéance dans la dépendance totale ? Comment souhaiter ce que l’on redoute au plus haut point ?

« Une mort très douce » de Simone DE BEAUVOIR

Et un regard sur la relation à sa mère

Simone de Beauvoir fait défiler le film de sa vie auprès de sa mère. Elle se remémore la femme fragile et soumise que sa mère a incarné. Et aussi sa vitalité, sa gaité. Sa dureté avec sa fille Simone adolescente. L’absence d’espace pour se dire, l’une à l’autre. La distance qui ne s’est pas réduite avec le temps. Sauf, en de fugaces moments, au bord de la mort.

La croyance de la mère dans le Dieu des catholiques. Et son immense peine de voir Simone vivre en dehors de cette croyance.

« Une mort très douce », des pages ouvertes sur une femme pionnière dans la pensée de la condition des femmes

Mais Simone de Beauvoir là, est acculée par la mort de sa propre mère. Elle revient aux catégories fondamentales de la vie. Aux détails matériels de la séparation ultime. Les objets de la défunte. Ses habits. Sa maison…

Sans élaboration théorique. Avec les mots crus à propos du corps qui se dégrade. Dans la nudité et l’humilité de la condition humaine. Dans la reconnaissance de la « violence indue » de la mort.

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Simone de Beauvoir, née en 1908 à Paris, ville où elle est morte en1986, est une philosophe, romancière, mémorialiste et essayiste française. En 1954, après plusieurs romans dont L’Invitée (1943) et Le Sang des autres (1945), elle obtient le prix Goncourt pour Les Mandarins, ses œuvres sont alors parmi les plus lues dans le monde.

Considérée comme une théoricienne majeure du féminisme, notamment grâce à son livre Le Deuxième Sexe (1949), Simone de Beauvoir a participé au mouvement de libération des femmes dans les années 1970. Elle a partagé sa vie avec le philosophe Jean-Paul Sartre. Leurs philosophies, bien que très proches, ne sauraient être confondues (d’après Wikipédia).

Pour en savoir plus sur Simone de Beauvoir, c’est ==> ICI

Sur le thème du départ d’un proche, voir « Notes sur le chagrin » de Chimamanda Ngozi Adichi ==> ICI