« L’odeur de l’Inde » de Pier Paolo PASOLINI. Une découverte du sous-continent indien dans les années 60 par un intellectuel Européen. Un écrivain singulier, engagé, hors de toute organisation, marginal. Perçu comme provocateur dans l’Italie de la reconstruction de l’après Seconde Guerre Mondiale.

Il mène cette découverte avec Alberto Moravia. Mais ce dernier rentre sagement à l’hôtel, le soir. Tandis que Pasolini promène son appétit de vie, de rencontre dans les rues de l’Inde.

« L’odeur de l’Inde », une découverte par les sens

Il ne connait presque rien de la marche de la société indienne. Il se fie à ses impressions. A ses émotions. Ce que ses sens impriment en lui. Cela le conduit à des appréciations à l’emporte-pièce. Souvent superficielles. Avec l’Europe en référence constante. Ainsi, il ne voit que douceur, résignation dans les gestes des Indiens. Et il est fasciné par l’apparente tolérance des autorités à la diversité religieuse.

Confronté à la pauvreté du peuple indien, il a de la modernité occidentale une vision souvent naïve. Il ne fait pas de ses impressions les aliments pour des analyses savantes. Et c’est aussi ce qui donne à son ouvrage sa force.

« L’odeur de l’Inde » de Pier Paolo PASOLINI - couverture du livre

On a là le regard cru qu’un homme, marginal dans son occident natal, porte sur une société dont il ignore tout

Il est fasciné par les corps à peine couverts qui pullulent dans la chaleur suffocante des rues, la nuit. L’Inde compte un peu plus de 400 millions d’habitants quand Pasolini la visite. Elle en a maintenant près d’un milliard de plus (1.38 milliard en 2020).

Il erre, le soir, autour des hôtels où il passe la nuit, entre les baraques des pauvres. Le long des plages où se déplace une population immense sous les lumières vacillantes de la ville. La nuit indienne le fascine. Avec ces corps d’hommes et de femmes qui dorment sur les trottoirs, par milliers. Ces corps amaigris, couverts de haillons, de guenilles, selon ses termes.

Avec son propre regard fiévreux, il croise celui de ces personnages qui peuplent les rue. Dans l’incompréhension. Il fait des rencontres furtives avec de jeunes garçons. Cela ne va pas bien loin. Juste le temps des interrogations. Comment communiquer ? Pasolini ne maitrise pas bien la langue anglaise.

Il fait aussi quelques mondanités, invité par les autorités

Il y croise notamment Kavalam Madhava Panikkar (1895-1963), ancien ambassadeur, homme d’Etat, romancier, historien. Auteur d’un livre qui a bouleversé ma propre vision du monde : « L’Asie et la domination occidentale » [1].

Panikkar est un intellectuel indien très reconnu dans son pays. Pasolini ne le remarque pas outre mesure. C’est un jeune poète qui attire son attention : Dom Moraes.

& & &

Pier Paolo Pasolini est un écrivain, poète et un journaliste. Il est aussi scénariste et réalisateur, né en 1922 à Bologne. Il est mort, assassiné dans la nuit e, 1975, sur la plage d’Ostie, près de Rome.

Connu notamment pour son engagement à gauche, mais se situant toujours en dehors des institutions et des partis, il observe jusqu’à sa mort en 1975 les transformations de la société italienne de l’après-guerre. Son œuvre artistique et intellectuelle, éclectique et politiquement engagée, a suscité de fortes polémiques et provoqué des débats par la radicalité des idées qu’il y exprime. Très critique envers la bourgeoisie et la société consumériste italiennes alors émergentes, il prend aussi très tôt ses distances avec l’esprit contestataire de 1968 (d’après Wikipédia). Pour en savoir plus sur Pasolini, voir ==> ICI

Sur Alberto Moravia, voir ==> ICI

 [1] Un de ses ouvrages majeur : Asia and Western Dominance: a survey of the Vasco Da Gama epoch of Asian history, 1498–1945, publié en 1953.

Sur l’auteur K.M. Panikkar, voir ==> ICI

Voir également la note de lecture sur cet ouvrage  ==> ICI