Contrôle ou illusion de contrôle ?

 La RATP et le STIF jouent au plus fin : comment respecter formellement les critères d’évaluation ? Le Syndicat des Transports d’Ile de France (STIF) est le correspondant de la Régie Autonome des Transports Parisiens (RATP) en termes de pouvoir territorial. C’est le STIF qui fixe les objectifs de la Régie de transport sur la région. Notamment, c’est lui qui détermine une batterie d’indicateurs pour évaluer l’action de la RATP.

Il a ainsi institué des primes attribuées à la RATP en fonction du degré d’atteinte des critères posés. L’un de ces critères porte sur la ponctualité des transports assurés par la RATP. C’est bien normal.

 

triomphe de l'approche formelle à la RATP
Le célèbre carreau du métro parisien, de 7.5 x 15.0 cm avec des arrêtes biseautées couvre la plupart des murs. Des motifs en céramique verte au métro Austerlitz

Comment détourner les critères !

Les dirigeants de la Régie savent que la ponctualité est maximale dans les plages horaires où l’afflux d’usagers est minimum. Aussi ils multiplient la circulation des métros pendant ces heures creuses pour augmenter le score des indicateurs de ponctualité qui vont servir à calculer les primes dont la RATP va bénéficier. Les conducteurs des métros appellent cela « promener les banquettes ». Pourquoi? Parce qu’il y a plus de banquettes vides que de voyageurs.

C’est le triomphe de l’approche formelle à la RATP

Ainsi, la RATP peut afficher d’excellents résultats en termes de ponctualité. Et toucher les primes à leur taux maximal. Formellement, ils ont satisfait les critères demandés. Qu’en est-il de la satisfaction des usagers en matière de ponctualité ? On ne le sait pas. Qu’en est-il de la responsabilité morale des dirigeants de la RATP ? La question n’est même pas posée, puisque les critères formels sont parfaitement respectés.

On peut aussi se poser une question annexe. A quel usage est destiné les primes versées par le STIF à la RATP ? Aux primes des dirigeants ? Aux œuvres sociales?

Le contenu importe peu !

Cette histoire, lue dans la presse il y a quelque temps, est emblématique des dérives actuelles. On privilégie les critères formels, quantifiables. On laisse le moins possible d’espace au jugement subjectif des dirigeants. Ce qui leur ôte toute responsabilité sur leurs décisions puisqu’elles sont prises selon des critères dits « objectifs ».

Triomphe de l’approche anglo-saxonne, paralysie de l’Europe

Une approche qui privilégie les critères formels sur les contenus. Culture du contrat contre culture de l’excellence. Cette approche qui privilégie la culture du contrat, celle de la primauté des formes nous vient du Royaume Uni. Elle est peut être adaptée à la culture britannique. Mais son imposition via Bruxelles à l’Europe continentale a été désastreuse. La Grande Bretagne a quitté l’Europe, mais elle a réussi à imposer ses façons de penser qui vont lui survivre.

Cela n’est pas étranger à la distance qui se creuse entre les sociétés européennes et les organes de direction de l’Union Européenne.

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Sur l’illusion de contrôle ==> ICI

Sur l’envahissement de critères formels ==> ICI