New Holland à Saint-Pétersbourg : un Disneyland pour jeunes connectés

 Un quartier dans le cœur industriel de la ville, tout proche de la cathédrale St Isaac. Un site exceptionnel, entouré d’eau et comportant en son centre un lac, sur lequel une petite île est construite.

 

 

St Pétersbourg
Le plan du site à l’Ouest du centre de la ville

 

De grands bâtiments en brique de l’époque industrielle, une ancienne prison pour les marins militaires… C’est ce vaste terrain sur lequel se monte le projet « New Holland ». Un projet conçu sur un pseudo concept psycho-culturel (« You are on a island – You are an island ») au service d’une réelle promotion de « cultural urbanization ». Un concept créée par une artiste américaine qui a compris comment la combinaison : culture + promotion immobilière + mondialisation pouvait offrir un produit commercial de grand rapport.

 Une forte demande des « creativ class » : bobos au pays des (anciens) soviets !

 Ce type de projet rencontre en effet une forte demande parmi les « creativ class » (voir Richard Florida ==> ICI). Des populations formées par les urbains, instruits, connectés. Des couches sociales gagnantes (en second rang) de la mondialisation. Formant le soutien électoral aux forces néo-libérales qui mènent le monde jusqu’alors. Les « bobos connectés ». Leur engagement (plus ou moins passif) pour l’écologie, pour les droits des minorités notamment sexuelles, leur donne une (bonne) conscience « progressiste ».

 

Des bobos instruits, connectés, branchés sur la mondialisation

 Droits sociétaux contre droits sociaux

 Évitant soigneusement de soutenir les droits sociaux, ces bobos connectés laissent les classes populaires déclassées par la mondialisation dans les bras des forces d’extrême droite. Trump, Orban, Erdogan, Modi, Bolsonaro, Netanyahou (chacun avec les spécificités propres à leur société) sont élus « démocratiquement ». Elus par un assemblage entre ces classes populaires déclassées et des forces radicales religieuses qui défendent l’ordre moral. Tout à  l’opposé de ces bobos mondialisés. Ceux_ci s’ébattent dans ces lieux, rassurés par l’alibi culturel, l’écologie des lieux et, finalement, l’illusion progressiste.

Voir Zygmunt Bauman ==> ICI

 New Holland à Saint-Pétersbourg : un projet pseudo-culturel

 A New Hollande à Saint-Pétersbourg, le décor est planté. De grands escargos fushia attirent l’œil. Un décor façon vitrine de boutique de luxe que certains prennent pour œuvre d’art.

 

New Holland à Saint-Pétersbourg escargots

La décoration style publicité

Le marketing est très complet. Outre le slogan « Vous êtes (sur) une île », un logo est créé (une mouette). Elle est même présente sur les plaques d’égouts.

 

Des vigiles assurent la sécurité à l’entrée de l’espace, facilement protégé puisqu’il est entouré d’eau. Cette présence de vigiles en uniforme est étrange dans cette ville où aucune force de police ne se montre.

 New Holland à Saint-Pétersbourg : tout a été conçu d’avance

 Restaurants de toutes nature, espace pour la pétanque, charpente de bateau grandeur nature comme espace de jeu pour les enfants, jeu d’échec en grand, panneaux pour batailles navales (nous sommes dans une ville marine !). Tout a été conçu d’avance, tout est mâché, il n’y a qu’à se couler dans les espaces d’activité créés par les designers guidés par le marketing.

 New Holland à Saint-Pétersbourg - aire de jeu pour enfants

AIre de jeu pour les enfants

Abris pour les mamans qui surveillent les jeux de leurs enfants. Scène pour des concerts. Marchands de glace et autres friandises. Petite plage de sable avec chaises longues pour bronzer. Six chaises pour adultes disposées en rond… à coté de six chaises pour enfants également disposées en rond…

 Au fond, sur la partie Est de l’île, les travaux continuent pour finaliser ce projet.

 Tout le quartier se gentrifie

 Le quartier se modifie et joue la carte « artiste ». De grands signes sont posés (le pont peint en jaune, l’immeuble avec le nœud en cadeau) pour renforcer l’image des lieux…

 New Holland à Saint-Pétersbourg - usines de fabrication des sous marins

Ironie de l’histoire : l’usine qui fabrique des sous-marins de guerre dresse ses trois cheminées noires dans ce décor ! La mondialisation libérale fait bon ménage avec la force brutale des Etats !

Quels sont les financeurs de ce projet ?

 L’information n’est pas claire sur ce point. Des acteurs internationaux sont présents. Plusieurs projets se sont succédé jusqu’alors. On peut voir, sur le terrain, que le projet immobilier est de grande ampleur.

 Après la dictature du prolétariat, la dictature du fric ?

 Souriez, « Vous êtes (sur) une île » ! 

Allons-nous nous laisser piéger par ce Disneyland aux alibis culturels ?

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