Les jeunes et l’anglais. « How do you do ? » Des jeunes au Maroc refusent désormais de parler le Français. Ils répondent en anglais quand on les aborde dans la langue de Molière. Le mouvement est maintenant bien ancré. Et il continue de s’étendre depuis un à deux ans. Dans les quartiers chics, cela fait quelque temps qu’il est à la mode de prendre une bonne philippine qui parle en anglais aux enfants. Mais on trouve le même phénomène maintenant dans les quartiers populaires. Et aussi dans les villages reculés de l’Atlas.

En France, des jeunes font de même. Jeunes des quartiers populaires, issus ou non de la migration. Est-ce que le mouvement va s’étendre ?

Refus contre refus

Au Maroc, c’est une réponse de refus au refus dont les jeunes marocains sont l’objet. Notamment dans l’impossibilité de circuler entre les deux rives de la Méditerranée. Face à la montagne d’humiliations, d’arbitraire, de frais [1] qu’on leur oppose quand ils tentent de déposer un dossier de visa. Face à la corruption qui s’est installée autour de la délivrance des visas. Des intermédiaires vous « vendent » un rendez-vous dans les bureaux où demander le visa !

L’accès au pays de l’autre s’effectue d’une façon totalement asymétrique, puisque tout Européen peut entrer librement au Maroc. Sans aucune démarche.

Anglais ou Français ?

A un jeune bachelier, au Maroc, qui me demandait ce qu’il fallait apprendre, du français (qu’il parle plus ou moins bien) ou de l’anglais, je lui répond : « Les deux, et tu pourras aussi ajouter le mandarin. Avec l’arabe, cela te fera 4 langues. Tu seras bien outillé pour trouver du travail dans le monde.  »

Rejet contre rejet

En France, c’est aussi une réponse de rejet au rejet que les jeunes des quartiers populaires ressentent depuis tant d’années. On les rejette ? lls répondent avec l’abandon de la langue française ! C’est moins violent, plus subtil et certainement plus efficace que de se dresser physiquement, pierre à la main, contre la police et les institutions.

Un beau résultat de la politique française ! !

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[1] La délivrance des visas au Maroc a été privatisée. La bureaucratie et l’opacité en ont été augmentés. Il en coûte de 80 à 99 euros, qui ne seront pas remboursés en cas (fréquent) de non acceptation. Cette somme (l’équivalent de 900 à 1100 Dirhams) est à rapporter au montant du SMIC qui est de 3500 Dirhams (2022).

On lira avec intérêt un article sur l’évolution des deux langues dans le monde ==> ICI

Voir « L’anglais comme distinction »  ==> ICI


© 2023 Jacques Ould Aoudia | Tous droits réservés

Conception | Réalisation : In blossom

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