« La couleur du bonheur » de WEI-WEI (note de lecture). Une femme, Mei-Li, traverse l’histoire contemporaine de la Chine

 

Depuis l’occupation japonaise des années 30 jusqu’aux premiers signes d’ouverture à la fin des années 80. Mei-Li aura vécu une succession de bouleversements. La défaite japonaise. La guerre civile entre nationalistes et communistes. La fondation de la République Populaire de Chine en 1949. La Révolution Culturelle… Et bien d’autres épisodes de l’histoire de la Chine contemporaine. Dans ces années tourmentées qui ont vu l’Empire du Milieu retrouver sa place dans le monde au prix d’un parcours aussi cruel que rapide.

 

C’est une histoire au raz du sol

 

A l’échelle du destin d’une famille déchirée par les vicissitudes d’une vie traversée par tant d’événements historiques. Mei-Li quitte son foyer familial car son père refuse qu’elle étudie. Son oncle lui prête refuge. Elle est ensuite prise dans les rets d’un mariage arrangé et truqué. Son mari n’est pas Jing-Ming le beau jeune homme qu’elle a entrevu le jour de ses noces. Mais Meng-Yu, frère aîné aveugle, paralysé et impuissant de Jing-Ming.

 

Mei-Li va prendre soin de son mari infirme. Au bout de 12 ans, elle revoit furtivement Jing-Ming. Ils conçoivent un enfant. Ce sera une fille Baï-Lan. Jing-Ming retourne sur le front. C’est un officier nationaliste. Mei-Li ne le reverra jamais. Où est il ? La jeune Baï-Lan pousse comme une belle fleur. Elle va épouser Hong et avoir deux enfants de lui. Ming-Ming l’aîné et Fan-Fan la cadette.

 

Mais la Révolution dévoreuse d’homme passe par là

 

Hong est accusé de « droitisme ». Il est condamné à 15 ans de rééducation en camp. Mei-Li la mère et grand-mère vient alors s’installer chez sa fille Bai-Lan. Elle apporte son courage, sa connaissance des savoirs traditionnels en médecine, en cuisine, en relations humaines. Et son audace pour défendre sa famille réduite au femmes et aux enfants. 

 

Wei-Wei la couleur du bonheur, roman
La vie de Mei-Li dans les années tourmentées d’émergence de la Chine

 

On vit avec cette famille les craquements du monde chinois du XX° siècle

 

L’obsession pour la nourriture. C’est un thème récurrent dans la littérature chinoise contemporaine. La quête permanente de quoi manger. La hantise du manque. Sa préparation dans la cuisine, pièce maîtresse de la maison chinoise. Les rituels attachés aux événements de la vie… La forte proximité avec la ruralité. Toute la littérature chinoise est pénétrée de cette obsession. La faim n’est jamais loin.

Voir « Brothers » de YU HUA ==> ICI

 

Aux catastrophes politiques, s’ajoutent celles que la nature impose aux hommes. Inondations dévastatrices qui emportent les hommes venus
colmater les brèches que la violence des pluies a fait dans les digues. Tremblements de terre qui dévastent une ville et provoquent des frayeurs collectives partout dans le pays.

 

Les femmes restent seules. Ce sont elles qui maintiennent la famille

 

Dans cette saga familiale, les hommes disparaissent, laissant les femmes dans l’attente. Est-il en vie? Pourquoi ne répond-il pas? Dénoncés comme opposant, torturés, condamnés, emportés par les guerres, les hommes quittent la scène. Pour des absences interminables, laissant sans nouvelles leur famille des dizaines d’années . Les femmes restent et assurent la vie de la famille.

 

La couleur du bonheur?

 

Wei-Wei nous fait partager les questionnements, les doutes, les hésitations de Mei-Li. Le roman nous emporte dans ces émotions de femme qui résiste et maintient ferme le lien familial. Celui sur lequel repose la société chinoise tout entière.

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