« Hamaguri – Le poids des secrets » de Aki SHIMAZAKI (note de lecture 2/5). Ce roman n’est pas une suite de « Tsubaki ». C’est la même histoire racontée par un autre personnage. Ici, le centre du récit est Mariko, la femme que Mr. Horibe va séduire et abandonner avec leur enfant, Yukio. Un fils illégitime. Il trouvera un père en la personne de l’homme que Mariko va épouser, Monsieur Takahashi.
L’amour impossible
Yukio rencontrera l’autre enfant de Monsieur Horibe, Yukiko. Une fille, née au même moment que Yukio, fruit de son mariage avec sa femme légitime. Enfants, Yukio et Yukiko vont s’aimer sans savoir qu’ils sont demi-frère, demi-sœur. Pris dans les émois de l’adolescence, ils se font des promesses d’amour éternel. Puis ils sont séparés. Yukiko apprend la filiation réelle de Yukio et s’éloigne en silence. Le cœur déchiré.
Mariko, l’identité cachée
Mariko, la mère de Yukio, porte le nom japonais qu’un prêtre lui a donné quand il l’a recueillie, à 12 ans, après le tremblement de terre du 1er septembre 1923 [1]. Un séisme que le départ précoce des hirondelles a sans doute annoncé.
La petite fille était issue d’une famille de Coréens immigrés au Japon. Elle s’appelait de son nom d’origine Yonhi Kim. Après le séisme, des militants d’extrême droite pourchassent les immigrés coréens présents au Japon en provoquant des massacres de masse. Le Japon avait annexé la Corée en 1910 comme colonie [2].
La violence raciste s’ajoute au tremblement de terre
Comme dans « Tsubaki » où les ravages de l’explosion de la bombe atomique sur Nagasaki se combinent avec le meurtre de Mr Horibe par sa fille. L’auteure ajoute les souffrances. Des souffrances à l’échelle de l’Histoire et à celle des individus. Qui s’entremêlent pour forger les destins dans la dissimulation de la vérité. Pour charger les individus d’un terrible « Poids des secrets ».
Dans le présent roman « Hamaguri », le drame du séisme de 1923 se cumule avec les massacres racistes des Coréens. Yonhi devenue Mariko subit et l’un et l’autre. Elle perd sa mère et son oncle, les deux seuls membres de sa famille présents au Japon. Ils avaient survécu au tremblement de terre. Mais ils succomberont quelques jours plus tard lors des massacres racistes provoqués par les mouvements d’extrême droite japonais avec la complicité des autorités.
Mariko perd également son identité de fillette coréenne. Le poids des secrets s’alourdit sur les épaules de Mariko. En confiant sa fille au prêtre qui dirige l’orphelinat, la mère donne à sa fille son journal intime.
Yonhi doit changer d’identité pour sa survie
Devenue Mariko, elle restera silencieuse pendant de longs mois dans l’orphelinat. Elle vit dans la peur de trahir son identité réelle de coréenne. Semaine après semaine, elle attend sa mère et son oncle. Ils ne viendront pas la chercher. Mais Mariko ne saura jamais rien de précis sur leur sort.
Elle gardera le secret de son identité
Même son mari, qui reconnait Yukio comme son fils, n’en saura jamais rien. Dans la portée solitaire du Poids des secrets, elle ne cherchera pas à lire le journal intime que sa mère lui a donné quand elle l’a confiée au prêtre. Le voudrait elle, elle en serait bien incapable car ce journal a été écrit en coréen. Elle ne sait pas lire ces lignes précieuses confiées par sa propre mère avant qu’elle ne disparaisse à jamais.
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Voir la note de lecture sur le 3° des 5 romans « Le poids des secrets » ==> ICI
[1] Le séisme du Kantō de 1923 ou séisme de Kantō (関東大震災, Kantō daishinsai?) a dévasté la plaine du Kantō, qui se situe à Honshū, l’île principale du Japon, le 1er septembre 1923. Ce séisme a été estimé à une magnitude de 7,9. Il provoqua de graves dommages aux villes de Yokohama, dans la préfecture de Kanagawa, de Shizuoka, dans la préfecture du même nom, et de Tokyo. Voir ==> ICI
[2] Sur les relations entre la Corée et le Japon, voir ==> ICI