Adieu Bécassine

Connaissez-vous Bécassine ?

 C’est une jeune bretonne, du début du XX° siècle, venant d’un petit village de la campagne française, découvrant la grande ville. Elle débarque à Paris avec ses yeux de campagnarde. Cette jeune bretonne est une invention. Elle a vécu dans une histoire en bande dessinée. Dans une revue pour jeunes-filles en France.

 

Toutes les intrigues de Bécassine tournent autour d’un thème universel

 C’est le thème de la rencontre entre ville et campagne. Une rencontre qui se fait par les yeux de campagnards qui ne comprennent pas les codes de la ville. Ils se trompent, se trouvent dans des situations risibles… Les campagnards sont en général présentés comme naïfs, crédules, objet de ridicule.

 

Mais Bécassine n’est pas cela

 Elle a l’air maladroite avec sa tenue décalée. Mais elle en fait est très maline. Tout le succès de cette bande dessinée, qui s’est prolongée pendant des décennies, tient à cela. Bécassine met son intelligence, son sens pratique, au service de sa compréhension du monde des villes, et cela lui réussit plutôt.

 

Bécassine, la jeune campagnarde qui arrive à la ville - bande dessinée pour jeunes filles
Naïve, Bécassine ?

 

Alors faut-il dire Adieu à Bécassine ?

 La relation entre le rural et l’urbain est totalement bouleversée depuis quelques années, et ce, dans tous les pays du monde. Au Nord comme au Sud.

 On peut identifier trois raisons principales. Les facilités de circulation entre rural et urbain et leur coûts relativement faible. L’extension de l’éducation supérieure qui a projeté nombre de jeunes ruraux dans les universités (localisées dans les villes). Et bien évidemment, les moyens digitaux de s’informer et de communiquer. Ces trois facteurs ont largement diminué le fossé entre les deux mondes.

 

Les modes de vie peuvent rester différents sur bien des aspects

 Mais les jeunes circulent, adoptent des représentations (coiffure, vêtements) qui se rapprochent. Et ce, au niveau international. Un jeune marocain d’un village de l’Atlas aura une tenue et un aspect identiques à un jeune d’Agadir. Mais aussi d’un jeune de Marseille, de Paris ou de New York. Les « marques » qui rendent chaussures et vêtements très chers ? On s’en tire avec les contrefaçons que l’on peut trouver à foison. A très bas prix. Les jeans achetés déchirés ont fait le tour du monde !

 Les relations avec les proches s’étalent désormais sur la carte du monde. La famille, les amis ? Ils sont dispersés dans le pays. Et même à l’étranger avec les migrations internationales. Ce jeune marocain aura des cousins, des amis en France, en Espagne, aux Etats-Unis, au Qatar, en Belgique. Ces pays forment sa carte du monde !

 Ceci concerne principalement les jeunes.

 On trouve encore en Chine et surtout au Vietnam des femmes de la campagne, le chapeau traditionnel sur la tête et le balancer à l’épaule.

 

Adieu Bécassine ? Hanoï, centre ville
Hanoï, centre-ville

 Bécassine. Ici, Hanoï, des campagnardes à la ville

 Dans les rues de Marrakech ou de Rabat au Maroc, on voit parfois des paysans porter un « bouquet » de volailles attachées par les pattes, la tête en bas. Pour les vendre. Mais certaines villes marocaines envisagent d’interdire l’accès au centre-ville des charrettes tirées par les ânes ou les mulets.

 

Alors Adieu Bécassine ?

 On ne verra plus de jeune bretonne à Paris avec une tenue qui signait son origine campagnarde.

 

Mais ce qui se passe dans les tête, dans les habitudes, dans les croyances, subsistent. Les différences demeurent car les facteurs profonds évoluent lentement. Au-delà des apparences qui convergent vers un modèle unique.

Il y a encore des Bécassines, mais on les voit pas du premier coup d’œil.

 


Voir aussi « Le caillou dans la poche… » ==> ICI

Sur l’exode rural, voir ==> ICI

Et sur Bécassine, voir ==> ICI