Les manifestants en Tunisie qui sont descendus dans la rue en janvier 2018 formulent exactement les mêmes revendications qu’en janvier 2011. Liberté (revendication politique), Travail (revendication sociale) et Dignité (revendication de respect des individus dans leur diversité).
C’est le budget d’austérité qui a déclenché le mouvement en 2018. Ce budget pèse sur les classes populaires et moyennes, tandis que les riches sont préservés sur tous les plans. Notamment par une immunité judiciaire et fiscale pour les proches de l’ancien président Ben Ali qui sont revenus en force au pouvoir.
La rigueur budgétaire est menée sous la pression du FMI. Celui-ci a accordé un prêt de 3 Milliards de $ en contrepartie de réformes libérales (toujours la même histoire). Des réformes totalement en contradiction avec les demandes sociales qui s’expriment depuis 2011.
Pourquoi faut il faire appel à la finance internationale (FMI ou grandes banques privées) pour régler un problème de financement interne ?
L’épargne qu’un pays peut constituer est une donnée hautement politique. Elle exprime la préférence collective pour le présent, et doit trouver réponse au niveau interne. La Tunisie, aujourd’hui, la Grèce hier, payent très cher cette soumission (volontaire) aux marchés financiers internationaux. Cette soumission présentée comme inéluctable permet aux dirigeants d’échapper au débat politique sur l’effort d’épargne interne. Sur l’arbitrage entre présent et futur, pour mener et équilibrer en toute souveraineté la situation du pays.
Cette soumission aux acteurs de la finance internationale est générale
Pays du Nord comme pays du Sud s’y adonnent, en nous faisant croire qu’il n’y a aucune autre solution. Cet endettement génère des masses d’intérêts considérables, qui viennent enrichir les banques internationales [1], alimentant la financiarisation de l’économie sans créer de richesse.
Après la crise de 1997, les pays d’Asie du Sud-Est ont réagi. Ils ont décidé de ne plus se laisser piéger par les banques internationales. Ils ont élaboré des solutions endogènes. Voir sur ce point l’excellent article de Jean-Raphaël Chaponnière https://asialyst.com/fr/2017/06/30/il-y-a-vingt-ans-crise-asiatique-consequences-toujours-actualite/
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[1] La faiblesse des taux d’intérêt ces dernières années a été invoquée pour « justifier » l’accroissement gigantesque des endettements des Etats vis-à-vis des marchés financiers. Ce qui a assuré un montant d’intérêt plus que confortable pour les grandes banques internationales.