Un bref éclair du sentiment d’humanité (2) – octobre 2023
[Ce post décrit une scène qui s’est passée à Paris, quelques jours après l’attaque surprise, depuis Gaza, par le Hamas et d’autres organisations palestiniennes, contre Israël le 7 octobre 2023. Une attaque au cours de laquelle plus de mille personnes ont été tuées. Militaires et majoritairement civiles, dont des femmes et des enfants.]
« Terrorisme »
Immédiatement, les médias des pays occidentaux donnent à ce terrible acte de guerre un écho immense. Le message dominant pour qualifier cet acte tourne autour du mot « terroriste ». Hommes politiques et journalistes enfoncent le clou « terroriste ». Inlassablement. Présentant cet acte comme venant de nulle autre part que de la barbarie des Palestiniens. Sans mise en Histoire.
Et chacun est invité fermement à condamner cet acte et à prononcer ces mots « acte terroriste ». Quelques voix s’aventurent à parler d’un terrible acte de guerre dans une longue histoire de domination coloniale. Une lutte de libération qui dure depuis plus de 7 décennies. Avec des dizaines de milliers de morts en Cisjordanie, à Gaza. Avec les refus systématique à appliquer les résolutions de l’ONU par la puissance occupante, Israël…
L’émotion envahit l’espace médiatique autour de cette qualification « terroriste ». La propagande de l’Etat d’Israël répand les mensonges (des dizaines d’enfants décapités, des femmes enceintes éventrées, un bébé brulé dans un four…). Voir ==> ICI
La confusion persistante chez les progressistes
Les espaces d’échange et de réflexion progressistes s’embourbent dans des querelles de jésuite sur le mot « terroriste ». Est-ce un mot pour qualifier un acte ou une organisation ?
Avec une extrême difficulté à penser la question du conflit entre Israël et la Palestine sous l’angle de l’asymétrie, de la domination. Une situation où, comme partout, la responsabilité majeure est proportionnelle à la force. A la position dominante.
Je suis toujours affligé par l’incapacité de la majorité des intellectuels progressistes du Nord à penser leur propre situation d’appartenance à des sociétés dominantes. Voir « L’angle mort des penseurs du Nord sur le Sud » ==> ICI
Des intellectuels juifs
Ce sont des intellectuels d’origine juive qui sauvent l’honneur : Rony Brauman [1], fondateur de Médecins Sans Frontières. La militante pour la paix Michèle Sibony [2]… Tandis que l’expression d’une solidarité avec le peuple palestinien est criminalisé, dans les campus américains comme en France. Confondant d’une façon plus que malhonnête antisionisme et antisémitisme [3].
Génocide. Apartheid
La question du génocide est enfin posée devant la justice internationale par l’Afrique du Sud. Celle de l’apartheid également.
Abeille
Je publie un post sur les réseaux sociaux le 30 octobre 2023 : « Gaza : si vous emprisonnez une abeille dans votre main, au bout d’un moment, elle vous pique. »
Voilà le triste contexte
Nous sommes quelques jours après le 7 octobre 2023. J’entre dans une pharmacie de mon quartier. Je connais depuis plus de 20 ans la pharmacienne, que j’apprécie beaucoup. Nous nous regardons sans un mot en exprimant sur notre visage notre douleur. L’information sur ce qui se passe à 3000 km à l’Est, entre Israël et Palestine, a envahi tout l’espace. Et aussi, bien évidemment, cet espace entre elle et moi.
J’ai toutes les raisons de penser que sa peine va du côté des victimes israéliennes. Et j’éprouve un profond partage de sa peine. Je me laisse aller à ce sentiment, sans réserve. J’ai aussi toutes les raisons de penser qu’elle sait que ma peine va du côté des victimes palestiniennes qui commencent à s’accumuler avec l’avancée de l’armée israélienne dans Gaza. Sans un mot, nous partageons notre douleur, chacun sur un des deux versants du drame qui s’est joué, qui se joue. Rien d’essentiel n’est prononcé. Juste un regard qui nous rapproche dans cet instant.
Cette scène…
Dans nos imaginaires, entre deux humains. Sans propos explicites : aurions-nous été capables de formuler nos impressions ? Nos sentiments ? Nos pensées ? Je ne crois pas.
Des moments précieux qui forment le lien entre humains. Par-delà les horreurs de l’histoire au quotidien qui continue, là-bas, de faire des ravages. Plus de 7 mois après octobre 2023. Ravages par la faim, par la mort. Là-bas où la question de l’humanité est posée dans toute sa violence.
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Voir aussi ==> ICI
[1] Rony Brauman est un médecin de nationalité française né en 1950 à Jérusalem. On le connait, principalement, pour son rôle dans l’humanitaire, en particulier pour avoir dirigé les équipes médicales de l’association Médecins sans frontières pendant une douzaine d’années. Wikipédia. Pour en savoir plus, voir ==> ICI
[2] Michèle Sibony, née en 1951 à Rabat, est une militante française pro-palestinienne, membre de la mouvance de l’organisation antisioniste UJFP. Wikipédia. Sur l’Union Juive Française pour la Paix, voir ==> ICI
[3] Un dessin montre un enfant palestinien décharné, à Gaza, sur fond de ruines : « Est-ce qu’on va m’accuser d’antisémitisme si je dis que j’ai faim ? »
