. Deux« Les Aït Chéris » de Zakya DAOUD – Nous sommes en 1956, dans le Maroc des premiers mois de l’Indépendance
Dans ce chaudron, s’affrontent forces nationalistes et forces coloniales? Avec, dans chaque camp, les divers prétendant au pouvoir. Le livre décrit les multiples intérêts mis à vif à la fin de l’empire que la France avait tissé autour du monde, sur fond d’enjeux géostratégiques entre Est et Ouest. La situation est complexe et violente : assassinats, enlèvements, disparitions, faux accidents, alliances et trahisons sans nombre, manipulations des enjeux tribaux, maquis armés… La Guerre d’Algérie vient de commencer en 1954. Et ses acteurs présents sur le champ marocain mêlent leurs forces et leurs intérêts dans ces batailles.
Marie et Hocine dans ce chaudron
Tel est le décors que Zakya Daoud plante pour nous faire accompagner Marie et Hocine, Deux jeunes mariés, qui débarquent dans ce Maroc de tous les espoirs. La lutte est sans merci entre les tenants de l’instauration (ou la restauration) de la monarchie appuyée sur les forces traditionalistes, et les forces progressistes qui rêvent d’un monde débarrassé des féodalités, mais qui sombrent dans les divisions, les conflits de personnes. Entre les deux, les nationalistes conservateurs cherchent à tirer leur épingle du jeu, tandis que la France, les USA, l’Egypte, Israël… tirent les ficelles de cet écheveau d’intérêts, de passions, de calculs et de trahisons. Qui est ennemi de qui dans la confusion qui colore d’un rouge-sang les premières années de l’Indépendance ? La monarchie, fortement soutenue de l’extérieur et notamment de la France, sort grand vainqueur de cette mêlée.
L’auteur nous fait vivre ces années troublées par les yeux de femmes françaises…
… épouses d’intellectuels marocains qui deviendront les cadres de cette Indépendance ou seront broyés par elle. Ces femmes vivent entre l’engagement, les illusions, les risques. Mais dans la distance d’avec la société marocaine dans sa masse. La plupart de ces femmes ne trouve pas nécessaire d’apprendre la langue arabe. Dans l’amertume des désillusions. Mais aussi l’abattement devant l’immense brutalité de la répression qui va s’abattre sur les opposants. Le meurtre de Mehdi Ben Barka est la pointe émergée de la montagne de violence qu’il a fallu pour établir un pouvoir centralisé au Maroc,. Et neutraliser toutes les tentatives centrifuges, stabiliser (imparfaitement) ses frontières. Zakya Daoud nous tiens la main dans la traversée de cette période troublée, incertaine, d’où est sorti le Maroc d’aujourd’hui. Un pays qui apparaît comme îlot de stabilité dans un environnement régional encore fragile et violent.
Zakya Daoud
L’auteure nous a livré un nombre impressionnant d’ouvrages. Des livres historiques comme Abdelkrim, une épopée d’or et de sang sur la révolte du Rif dans les années 1920. Gibraltar, sur ce lieu chargé de mythes, légendes et histoires. Ferhat Abbas, une utopie algérienne (avec Benjamin Stora). Ben Barka, une vie, une mort (avec Maati Monjib). Marocains des deux rives, puis Marocains de l’autre rive, qui retracent les débuts de l’association « Migrations & Développement » en suivant son fondateur Jamal Lahoucine… Mais aussi des romans, comme Zaynab, reine de Marrakech, ou La Cherifa… Ce présent roman, Les Aït Chéris, est son plus récent ouvrage.
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Pour en savoir plus sur l’auteure, voir ==> ICI
En contre point de ce roman, on pourra lire la note de lecture établie sur le roman de Fouad Laroui « Une année chez les Français » ==> ICI
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