De l’absurdité de l’adage : « ne donnez pas du poisson, apprenez à pêcher »
Une phrase de Madame Obama, docteur en sociologie, a attiré mon attention : « Ne nous donnez pas du poisson, ne nous enseignez pas comment pêcher, demandez nous si nous mangeons du poisson ».
Dans le fameux adage disant qu’il vaut mieux « apprendre à pêcher que donner du poisson », l’homme à qui on apporte du poisson ou l’apprentissage de la pêche est totalement absent de la formule ! Que veut-il, que pense-t-il ? Est-on sûr qu’il veuille apprendre ? On ne se pose même pas la question ! La phrase est toute entière tournée vers le geste de l’acteur, seul actif dans la relation, qui surplombe le pêcheur. Il découvre, pleinement satisfait de sa générosité et de son ingéniosité, qu’il vaut mieux enseigner que donner.
Mais cet adage connait plusieurs formulations, et a, de plus, diverses paternités : Lao Tseu, Confucius, la Bible…?
Je livre là quelques unes des formulations :
« Quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson » attribué à Confucius.
« Si tu donnes un poisson à un homme, il mangera un jour, si tu lui apprends à pêcher, il mangera toujours »
En chinois, cela donnerait : 临河而羡鱼,不如归家织网, mais je ne garantie pas la traduction.
« Ne me donne pas de poisson, apprend moi plutôt à pêcher » Cette formule, attribuée à Mao Tsé Toung, me paraît la seule correcte, et de loin. Elle met l’homme à la première personne : c’est lui qui formule ce qu’il demande. C’est seulement ainsi que la relation d’apprentissage, qui accompagne le développement, peut être féconde.
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12 Commentaires
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Merci pour ce complément instructif. Il mériterait un développement sur la question du revenu minimum et de ses implications.
Intuitivement, il me semble que l’oisiveté est dangereuse. Les moines du Moyen-Âge, avec leur principe « ora et labora », me semblaient l’avoir compris.
Dans notre vie tertiaire urbaine, déconnectée des travaux des champs ou de l’usine, nous sommes un peu comme des animaux domestiques qui trouvent tous les matins leur gamelle remplie sans vraiment comprendre comment cela s’est produit.
Un béninois m’a dit: » apprendre à pécher au lieu de donner un poisson? Encore faut-il qu’il y ait du poisson dans le marigot! »
Mais oui, bien sûr !
Je trouve dommage de remettre en cause l’adage au motif qu’il n’est pas exprimé de la façon que vous jugez la meilleure. Le sage vous a montré la lune, vous n’avez vu que son doigt.
Mais pas du tout. J’accepte toutes les formulations de l’adage. Je le conteste profondément sur le fond. C’est tout le sens de mon propos. Le doigt, le sage et la lune…..
Sans rentrer dans les détails, j’ai rencontré cette situation dans ma vie.
Et je pourrais le traduire comme ceci :
La personne à qui on apprend la pêche ne désire pas forcément d’aide extérieure afin de se nourrir.
Par dignité ? Par orgueil ?
Je vous laisse seuls juge, force et de constater que cette personne a refusé que je lui apprenne à pêcher (pour rester dans la métaphore).
Parfois, avant de vouloir aider les autres, il faut se demander si c’est leur souhait.
C’est bien le sens du texte : se soucier quel est le désir de l’autre.
Merci pour votre article
La traduction par google trad de 临河而羡鱼,不如归家织网 est littéralement « Il vaut mieux rentrer chez soi et tisser un filet que d’être envieux des poissons au bord de la rivière »
OK pour l’aide à la traduction !
merci beaucoup
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[…] Cet article est la traduction de : « De l’absurdité de l’adage : ne donnez pas du poisson, apprenez à pêcher » que vous pourrez trouver sur ce site : http://jacques-ould-aoudia.net/de-labsurdite-de-ladage-ne-donnez-pas-du-poisson-apprenez-a-pecher/ […]
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