Autour de la Méditerranée en auto-stop – 1966. Troisième grand voyage de jeunesse. Toujours vers le Sud. Cette fois, je ne me laisse pas surprendre. Je prépare soigneusement le voyage. Notre objectif : l’Egypte. Et toujours l’auto-stop comme moyen de transport. On part à trois. Michel, Dominique et Jacques. Rien n’a été dit à nos parents.

J’ai travaillé pendant le mois de juillet, comme en 1965. J’emporte environ 200 euros, et deux rouleaux de photo. C’est de l’argentique, bien sûr. 72 diapositives possibles.

Première direction, plein Est. Strasbourg. Puis Munich. Nuit à la gare de la capitale bavaroise. Pas de place à l’Auberge de Jeunesse. On gagne ensuite Vienne. Puis on bifurque vers le Sud. Skopje, en Yougoslavie. Puis Sophia en Bulgarie. On a franchi sans difficultés le « Rideau de Fer ».

Arrivée à Istanbul

Chaleur ! Pas d’eau dans l’hôtel que nous trouvons au pied de Sainte Sophie. Mais on se régale à déambuler dans la ville et ses 3000 ans d’histoire !

On reprend la route en traversant en diagonale la Turquie. Pas d’arrêt prolongé à Ankara, une ville saturée par les lourdes institutions d’Etat.

Autour de la Méditerranée en auto-stop – 1966 - en camion sur les routes turques vers Ankara

Syrie

Dans le coin Sud-Est de la Méditerranée, presque à angle-droit sur la carte, c’est la frontière avec la Syrie. Pas de problème pour passer. Je retrouve des paysages que j’ai traversé l’année d’avant, en 1965. Des paysages qui ont subi tant de violences depuis ! On a basculé du monde turc au Proche-Orient.

On tourne ensuite vers l’Ouest, vers le Liban

Nous quittons la route qui mène à Damas. Direction l’Ouest pour rejoindre le « Pays du cèdre ». Baalbek et ses ruines somptueuses. Que sont-elles devenues après tant de conflits qui sont passés par là ? Comment et où vivent ces enfants avec qui on a joué lors de nos haltes sur la route ? Que sont-ils devenus ?

Une immense pierre en forme de parallélépipède nous intrigue. C’est la masse dont on devait faire des colonnes monolithiques. Un travail inachevé que nous laisse ce vestige imposant. Quelle histoire se cache dans cette masse de calcaire dont aucune colonne n’est sortie de son enveloppe de pierre ?

En route pour Beyrouth

Nous arrivons dans la capitale. Nuit étouffante dans un hôtel bon marché. Mais c’est le port qui nous attire. Nous prenons un bateau turc pour gagner Alexandrie. Dans ce tour de la Méditerranée, nous devons sauter par-dessus Israël. Car avec un tampon israélien sur notre passeport, notre voyage s’arrêterait là dans les pays arabes. Nous changeons nos francs contre des livres égyptiennes. On nous a dit que le cours était plus avantageux à Beyrouth.

Nous sommes arrivés en Egypte !

Une première victoire dans notre périple. Alexandrie. On ne s’y attarde pas. Une information nous parvient : les turbines du Barrage d’Assouan viennent d’arriver tout droit d’URSS. Elles chemineront vers le barrage sur le Nil, portées par de grandes péniches.

Direction Le Caire !

Et là, on se régale de la ville. Le cœur islamique du Moyen-Age. Les rives du Nil. Pas ou si peu de touristes ! De grandes marches dans le désordre urbain. Mais que de merveilles à voir ! Et aussi à manger.

Des plats de riz à trois sous. Un repas à un prix inférieur à celui d’une cigarette. Les cigarettes s’achètent à l’unité !

On boit des jus de mangue dans les rues qui donnent sur la Place Tahrir. Cette place qui va devenir célèbre pendant les soulèvements de 2011, plus d’un demi-siècle plus tard. Et des patates douces grillées que l’on trouve partout.

Bien sûr, on va à Gizeh voir les Pyramides

Très peu de touristes ! On circule dans les ruines à notre aise. On peut même grimper sur la plus petite des Pyramides. Quelle vue ! ! ! Au loin, des chevaux traversent les étendues de sable qui les entourent.

On imagine difficilement aujourd’hui pouvoir gravir n’importe laquelle des Pyramides. Et c’est heureux, avec l’afflux de touristes et les dégradations que cela entrainerait.

Direction Assouan en remontant le Nil par le train

Gare du Caire. On assiste à une prière dans le grand hall. Remontée de la vallée du Nil, dans la luxuriance des cultures. Avec le désert tout proche qui enserre le cours du grand fleuve.

Et on fait halte à Louxor

Rive droite pour les vivants. Rive gauche pour les morts. Visite de la Vallée des Rois. Les colosses de pierre au milieu des champs. On dit que la chaleur les fait crier par la dilatation de la pierre. Nous écoutons, pas de cris !

Nous foulons la terre fertile de la vallée. Une terre qui a porté une des premières grandes civilisation humaine, il y a 5000 ans !

Et nous arrivons à Assouan

Le Barrage est en construction. Sous la direction des ingénieurs Soviétiques. La Banque Mondiale, sous l’injonction américaine, a refusé de financer ce projet. Interdiction de photographier la digue du barrage. Ce que je m’empresse de faire, bien sûr. Les turbines sont arrivées par le Nil. Elles nous ont accompagné, en quelque sorte.

Retour en descendant le Nil en auto-stop. Puis la Mer Rouge

Nous descendons le long de la vallée du Nil jusqu’à Edfou. Là, on bifurque vers l’Est pour gagner la Mer Rouge vers Marsa Alam. Plages. Chaleur. La route suit la côte. Port Ghalib. Port Safaga. Et la ville d’Hurghada.

Nous croisons un chercheur anglais qui circule à bicyclette pour capturer des moustiques. Il dispose de grands draps le soir avec une lumière par dessous. Et fait sa récolte le matin. Drôle de job !

Quelques requins dans l’eau. Mais de belles plongées dans la mer si chaude ! Des jeunes Egyptiens se joignent à nous dans les jeux de plage.

Retour au Caire. Puis Alexandrie de nouveau, mais nous ne nous arrêtons pas. Cap vers l’Ouest

La route longe la mer Méditerranée. A gauche le désert. Un désert truffé de mines laissées par l’armée allemande après la Seconde Guerre Mondiale. A droite la mer. Traversée de la ville de Marsa Matruh.

Nous arrivons en Libye, au poste frontière de Sallum

On quitte la pauvreté en Egypte. Nous arrivons dans un pays qui croule sous l’or noir. On trouve de tout. Tout est importé, même le lait et le beurre qui viennent de Nouvelle Zélande. Les routes sont jonchées de bouteilles de bière vides. On n’a pas le droit d’en boire en ville. Alors on boit au volant de sa voiture américaine et on jette la bouteille par-dessus bord !

Ruines romaines à Leptis Magna et à Sabratha

Visites de ces sites en bord de mer. La Méditerranée dans sa profondeur historique. Des lieux majeurs pour l’Empire Romain. La capitale, Rome, de l’autre côté de la mer, sur la rive Nord  (sur ces ruines romaines, voir ==> ICI ).

Et le souvenir de la colonisation italienne. Mussolini a fait construire une immense arche sur la route côtière. A la séparation entre la région Est et Ouest. Là encore, que de conflits déchirent l’espace et les êtres humains depuis !

Frontière tunisienne. On laisse à l’Est la route qui va vers l’Ile de Jerba et on avance vers la ville d’El Jem (arabe : مسرح الجم), où l’amphithéâtre romain nous impressionne ! A propos de l’amphithéâtre d’El Jem, voir ==> ICI

Les oliveraies du Sud Tunisien, avec des arbres espacés de 23 mètres, une norme qui date… des Romains. Voir ==> ICI

Autour de la Méditerranée en auto-stop – 1966. Les dernières étapes

Kairouan, Tunis. Nous sommes en septembre, il est temps de rentrer à la maison. Tunis – Marseille en bateau (au fond de la cale !) La mer est démontée, difficile de résister au mal de mer. Puis Marseille – Paris en auto-stop. On n’a plus un sous. Le tour de la Méditerranée est terminé.

D’autres aventures commencent. Non sans peurs, je m’engage dans ma nouvelle vie à grands pas.

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Pour connaitre l’histoire de la Libye, voir ==> ICI


© 2023 Jacques Ould Aoudia | Tous droits réservés

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