On exalte la violence faite aux femmes et aux enfants ! N’avez-vous jamais remarqué comment la violence, et surtout la violence faite aux femmes, est exaltée, magnifiée ? En peinture dans les musées ! En sculptures dans l’espace public ?
Les Sabines…
Il y a le thème inépuisable de « L’enlèvement des Sabines » auquel les premiers Romains se seraient livrés [1]. Quel prétexte fabuleux pour montrer des hommes forts, virils, arracher de leur demeures des femmes, dénudées ! Au XVI° siècle, Giambologna a laissé sur ce thème des sculptures célèbres. Le viol de Lucrèce (puis son suicide), partie de la mythologie romaine, a inspiré également un grand nombre de tableaux.
Et sur les visages des femmes, il n’y a aucune ambiguïté
Dans les représentations qu’on en fait, elles refusent, elles résistent. Elles sont clairement violentées ! Ainsi d’une scène de viol, mise en statue au milieu d’un bassin avec fontaine. Dans un parc public où enfants et nounous viennent prendre l’air. C’est à Rouen. La représentation de la scène, particulièrement réaliste, montre la résistance de la femme.
« Le Verrou » de Fragonard
Un tableau célèbre de Fragonard, peint en 1777, montre un homme tenant fermement une femme qui se débat. De son bras libre, il pousse le verrou de la porte derrière laquelle il va pouvoir agir sans être dérangé. Il n’y a aucune ambiguïté dans la scène peinte. La femme, sur son visage, ne présente aucune trace de consentement. De son bras, elle tente de repousser l’homme (comme dans la sculpture du parc public de Rouen). L’étiquette posée au Louvre sous ce tableau parle de « thème érotique » et renvoie à la littérature libertine de l’époque !
En contre point, l’enlèvement d’Europe
Ce n’est pas le cas pour les représentations de « L’enlèvement d’Europe ». Dans cette légende, le Dieu majeur de la mythologie grecque. Zeus se transforme en taureau pour séduire la belle et l’enlever. Europe est présentée dans toutes les images qui illustrent cette légende comme heureuse, consentante, souriante, amoureuse. La Grèce a mis au dos des pièces de 2 Euros une représentation de la scène de cet enlèvement.
Les femmes, mais aussi les enfants
On peut aussi voir le visage d’un satyre (aux oreilles en pointe) qui pose sur un enfant aux mains liées derrière le dos un regard concupiscent. L’enfant lève vers le satyre un visage terrifié. Cette statue se trouve dans la roseraie du Jardin des Plantes à Paris.
Alors on fait quoi ?
Non pas « déboulonner » ces statues. Elles sont là. Elles disent des choses de l’histoire des représentations en Europe.
On ne les enlève pas (pas plus qu’on retourne les tableaux dans les musées). Mais on ne fait pas comme si ces représentations ne signifiaient rien d’important.
On en parle, on en débat. On a peint et statufié la représentation de la violence faite aux femmes et aux enfants. Ce n’est pas rien ! C’est, me semble-t-il, aussi important que de pratiquer le langage inclusif.
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Nous vous invitons à voir des photos de ces représentations en cliquant ==> ICI
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2 Commentaires
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[…] Dans l’hypocrisie totale, on a représenté le corps nu de la jeune femme désirée pour stigmatiser la lubricité des deux vieillards. C’est l’intention affichée. Mais ce qui est offert au regard de l’œuvre, c’est ce magnifique corps nu. Et donc, la sollicitation du désir du regardant le tableau ! Voir sur ce point « On exalte la violence faite aux femmes » ==> ICI […]
Intéressant, merci!