L’ongle de l’auriculaire
Dans l’empire ottoman, les hommes à statut élevé devaient signifier au vu de tous qu’ils tiraient leur statut et leur richesse de leur pouvoir et de leur rang dans la société. Et non de leur travail (assimilé à une activité manuelle). Pour se faire, ils se laissaient pousser l’ongle de l’auriculaire, marque intangible, visible, de leur éloignement total du travail manuel.
A Alger, dans les années 50, on pouvait voir des hommes porter cet attribut étrange. J’ai pu le voir sans en connaitre la signification. Cette pratique existerait (?) également en Chine et en Afrique sub-saharienne.
En dans la Russie tsariste
En lisant « Anne Karénine » de Tolstoï, je découvre, au paragraphe X (p 59), que cette pratique existait au XIX° siècle dans l’aristocratie russe. C’est un échange entre un noble vivant à la campagne et un ami, prince vivant à Moscou : « Là-bas [à la campagne], nous tâchons d’entretenir nos mains en état de nous servir. Nous coupons nos ongles, nous retroussons nos manches. Ici [à Moscou] pour être bien sûrs de ne pas se servir de leurs mains, ils s’accrochent aux poignets des soucoupes en guise de boutons de manchette. (…) – Eh, que veux-tu? Cela prouve qu’ils n’ont pas besoin de se livrer à quelque travail grossier. Chez eux, c’est l’esprit qui travaille. » Tout le mépris pour le travail manuel transparait ici dans la réplique du prince de la ville.
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Sur le statut du travail, voir « SUD ! Un tout autre regard sur la marche des sociétés du Sud » ==> ICI
Que nous apprend Wikipédia ?
Porter l’ongle de l’auriculaire long est une pratique courante dans certaines régions du monde, que l’on retrouve majoritairement chez les hommes.
En France. Gratter à la porte du roi de France avec l’ongle long du petit doigt était la seule façon permise de s’annoncer pour ceux qui bénéficiaient de la faveur royale. Sous Louis XIV, se laisser pousser l’ongle du petit doigt était à la mode. Ces vers du Misanthrope illustrent l’effet de mode que pouvait avoir cette pratique du temps de Louis XIV :
Est-ce par l’ongle long qu’il porte au petit doigt
Qu’il s’est acquis chez vous l’estime où l’on le voit ?
En Inde. Les artisans se laissent pousser l’ongle de la main gauche et l’aiguisent pour faciliter le nouage, tandis que d’autres utilisent un anneau sur l’index autour de l’ongle.
Dans les pays de l’Indochine. Chez les Siamois et les Annamites, il arrivait que l’on porte très longs les ongles des petits doigts ou du pouce. La croissance exagérée des ongles passait à la fois pour un signe de beauté et de distinction.
Au Maghreb. Avoir l’ongle de l’auriculaire long peut servir pour le nouage dans certains métiers tels que tailleur qui enroule l’extrémité de son aiguille au bout de son auriculaire.
De fait, cette pratique a plusieurs explications, dont la plupart sont « opérationnelles » (disposer d’un ‘outil’ pour réaliser certaines tâches). Mon explication s’ajoute aux autres.
Pour en savoir plus, voir ==> ICI
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[…] Pour se faire, ils se laissaient pousser l’ongle de l’auriculaire. Constituant ainsi une marque intangible, visible, de leur éloignement total du travail manuel. Travail qui aurait pu casser cet attribut. Voir le texte sur ce site ==>ICI […]
[…] Voir « L’ongle de l’auriculaire » ==> ICI […]
[…] Sur la question du travail, voir aussi sur ce site « L’ongle de l’auriculaire » http://jacques-ould-aoudia.net/longle-de-lauriculaire/ […]