« Ce jour-là » de Willy RONIS (note de lecture). Un véritable album photos, formé d’une sélection parmi les meilleures prises par ce grand photographe. Avec ses commentaires accompagnant chacune des photos. Un véritable régal de finesse et de sensibilité pour les yeux et pour l’esprit. A partir d’une cinquantaine de photos choisies, toutes en noir et blanc, Willy Ronis nous fait partager son amour pour les autres. Pour l’insolite dans la vie des gens, pour l’inattendu. Pour le moment qu’il saisit au vol. Produisant une esthétique puissante, simple, non conventionnelle.

Willy Ronis, un photographe professionnel

Il avait des commandes d’institutions, d’entreprises. Willy Ronis gagnait sa vie avec son appareil photo et son talent pour saisir les moments et les capturer sur la pellicule. Mais aussi en les fixant dans sa mémoire, en relation avec d’autres photographies faites antérieurement. Et en tissant des histoires imaginées sur les sujets improvisés de ses photos.

En pensant à la photographie telle qu’on peut aujourd’hui la pratiquer, c’est-à-dire par voie numérique, il importe de rappeler que Ronis prenait des photos argentiques. « A l’ancienne », dirait-on. Des photos que l’on découvrait après leur « révélation » en laboratoire. C’est-à-dire avec un décalage entre la prise de vue et la découverte du résultat. Curieusement, Willy Ronis ne donne aucune information technique dans son ouvrage. Il parle de lumière, de profondeur de champ, de sujet. Mais ne parle jamais des appareils qu’il a utilisé.

L’image et le texte chez Willy Ronis

Et sur les images qu’il a sélectionnées, il écrit un texte. Un récit, une légende pour situer l’image dans le temps. Mais aussi pour exprimer ce que l’image a évoqué dans le moment de sa prise de vue, ou bien après. Souvent, en relation avec d’autres images qu’il a prises ailleurs, en un autre temps. Il mêle souvenirs intimes, émotions, références professionnelles sur les « commandes » qu’il honorait… et anecdotes sur les personnes photographiées.

« Ce jour-là » de Willy Ronis est une invitation à penser l’acte photographique

Ce livre illustré m’a incité à réfléchir sur la relation que j’entretiens avec la photographie. Une activité qui occupe une grande partie de ma vie. Libre de toute contrainte professionnelle, je fais de la photo avec une pluralité d’objectifs plus ou moins formulés. Plus précisément, avec une disponibilité totale à satisfaire plusieurs dimensions de mon désir de capturer des images. Sans idée préconçue. Sans objectif défini au préalable.

« Ce jour-là » de Willy RONIS - couverture du livre

Comme Willy Ronis, saisir l’instant

Certains de ces objectifs sont proches de ceux que poursuit Willy Ronis : saisir l’instant, le moment. Mais avec une certaine pudeur vis-à-vis des gens. Une certaine distance que je ne veux ou n’ose franchir. Ce qui fait que je prends rarement des photos de face. Je pratique plutôt les photos à l’insu de…

Et cela dépend du lieu. En Chine par exemple, les gens sont enchantés quand on les photographie. Cela a été une grande source d’intérêt dans ma visite à ce grand pays, l’appareil photographique à la main. Les gens prennent des poses dans les photos innombrables qu’ils prennent d’eux-mêmes. Avec le sourire. Et c’est un plaisir de photographier la scène du photographe avec son sujet !

Voir ==> ICI : Fleurs de Chine

Dans les pays arabes, c’est tout l’inverse. Il est presqu’impossible de prendre les gens en photos. Du moins, à courte distance. On est vite fusillé du regard. Je m’abstiens de le faire. D’où un nombre important de photos de gens pris de dos. En France, on est entre les deux.

Un fil rouge qui guide ma quête d’image

En restant en permanence disponible pour capturer des images, je suis aussi à l’affut de prises de vue qui peuvent illustrer un phénomène de notre vie en société. Même et surtout si le phénomène est abstrait. Dans les textes que je poste sur ce site, j’illustre systématiquement le contenu par une image que je puise dans mon stock de photos. Ce dialogue entre images et texte constitue une des sources majeure de mon intérêt pour l’acte photographique. C’est pourquoi « Ce jour-là » de Willy Ronis m’a particulièrement intéressé !

Un vaste stock de photos, accumulées depuis 2003

C’est à cette date que je suis passé à la photographie numérique. Après avoir pratiqué longtemps la photographie argentique. Y compris en opérant moi-même les tirages en noir et blanc. Et l’avoir quasiment abandonnée.

Sur ce site, on peut avoir un échantillon de ces photos numériques, environ un dixième du volume total de photos prises en deux décennies. Des photos classées par date et par lieu. Rolland Barthes a écrit des textes somptueux sur la photo. Notamment sur l’impossibilité de les classer [1].

Accéder aux albums photos de ce site ==> ICI

Des photos qui reflètent ma géographie personnelle

On trouvera en effet une série d’albums sur « Paris », la « France », le « Maroc », les « Villes du monde ». Quel plaisir, par exemple, à faire du tourisme à Paris, la ville où j’habite la majorité du temps ! Il y a toujours des merveilles à découvrir ? Et je promène mon regard photographique en tout autre lieu.

Mais aussi des photos de la rubrique « Collections » qui rassemblent des images d’objets, de personnes, de lieux, de curiosités, en autant d’albums. Depuis l’album « Amoureux et cadenas d’amour », jusqu’aux « Potagers », en passant par les « Serrures », les « Gargouilles et chimères », les « Sourires de pierre ». Et tant d’autres. Voir ici ==> ICI

J’ai un attachement particulier à l’album des « Transparences » qui nous offre de merveilleuses images, disponibles à portée de vue. Un album à découvrir ==> ICI

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Willy Ronis, né en 1910 à Paris et mort en 2009 dans la même ville, est un photographe français, professeur d’Université, photojournaliste. Il a été lauréat du Grand Prix national de la photographie en 1979 et du prix Nadar en 1981 (Wikipédia). Pour en savoir plus sur lui, voir ==> ICI

[1] Roland Barthes, né en 1915 à Cherbourg et mort en 1980 à Paris, est un philosophe, critique littéraire et sémiologue français. Directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et professeur au Collège de France, il est l’un des principaux animateurs du post-structuralisme et de la sémiologie linguistique et photographique en France (Wikipédia). Pour en savoir plus, voir ==> ICI

On lira avec intérêt un de ses ouvrages qui traite justement de la photographie : La chambre claire.