« Clameur » de Hocine TANDJAOUI (note de lecture). Il faut, pour lire ce petit recueil, se laisser emporter par le flot des mots. Laisser remonter en nous nos impressions d’enfance. Surtout, ne pas chercher à suivre une narration. Au risque de perdre pied.
Prendre son plein d’émotions
Et laisser les mots, la Clameur, rencontrer nos propres émotions. Nos propres mémorations.
Laisser remonter nos souvenirs. Nos yeux d’enfant grands ouverts sur le monde avec si peu de clés pour le comprendre. Parce qu’on n’est en sécurité que proche de ses parents. De sa mère. Seul havre.
Se retrouver seul dans la rue. Attendu par personne, entendu par personne, peut-on lire. Tout pas fait hors du champ de la protection de la mère est aventure. Mais aventure pleine de risques, d’incompréhension, de peurs (et de curiosité à la fois).
Il y a la musique qui sert de fil
Un fil à quoi à se tenir pour avancer dans ce monde si étrange et si inquiétant. La musique qui nous prend. Les voix qui nous emportent. Qui s’incrustent, se gravent dans notre mémoire. La musique pour s’ouvrir et découvrir. Le Jazz, la voix de Nina Simone…
Il y a la langue arabe, langue maternelle. Et le français. Et les langues des chansons, comme l’anglais.
S’appeler Tandjaoui et parler de la ville de Biskra, en Algérie !
Les quartiers populaires dans la ville. Les bars à musique. Les rues à bordel… L’alcool, la déchéance, la saleté, les odeurs. Les mélanges de population. La ville dans le désert, comme un port. Avec ses conducteurs de camion, ses soldats brutaux.
Et puis, trouant le voile du récit, il y a la violence
D’abord, c’est l’évocation du départ de la mère. A jamais. Comme une déchirure dans le ciel.
Et puis l’intrusion des soldats dans la maison. La Guerre d’Algérie est une guerre. Pas une série « d’évènements « . La brutalité des gestes, le viol de l’intimité de la demeure. Le regard affolé de l’enfant. Pourquoi ? La guerre, les fusils, la mort, la cendre…
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Sur la ville de Tanger ==> ICI
Pour en savoir plus sur Hocine Tandjaoui ==> ICI
Photos d’Espagne et du Maroc, été 1964 ==> ICI
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