« Le Livre du haïku » de Maurice COYAUD (note de lecture). Ce livre, qui s’intitule « anthologie – promenade », a pour sous-titre « Fourmis sans ombre ». Une expression tirée d’un magnifique exemple de haïku comme « instantané ». Comme capture sur le vif d’une image.
Dans la jarre d’eau flotte
Une fourmi
Sans ombre
Seishi
L’auteur, linguiste, nous promène dans la poésie japonaise avec érudition. Il nous délivre un peu d’histoire sur l’apparition de ce type particulier de poèmes dans la littérature japonaise.
Traduction
Un passage sur la traduction. Comment rendre compte de la poésie d’une langue à une autre ? En général ? Et dans le cas du Haïku ?
A cette traduction :
C’est en éternuant
Que je l’ai perdue de vue
Mon alouette
L’auteur préfère celle-ci :
J’éternue
Perdue de vue
L’alouette
Il ponctue cette balade de petits contes tirés de la culture japonaise. Avec leur lot de fantastique. Et aussi de grivoiserie.
Poésie française
Et tisse des liens avec des fragments de poésie française.
Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Ici, c’est Paul Verlaine qui est convoqué. Autour d’un fragment qui a joué un rôle majeur dans l’envoi de messages codés lors du Débarquement allié en juin 1944 !
Dans sa comparaison avec la poésie française, l’auteur met l’accent sur la nécessaire légèreté de ces poèmes dans leur lecture. Leur capacité à nous émouvoir dans leur immédiateté. Sans chercher du sens où il n’y a que mobilisation des sens. Mais à trop insister sur leur légèreté, il en devient un peu lourd.
Comme un album photo
Immense pouvoir d’évocation de ces haïku. Dans la simplicité des images suggérées.
Je lève la tête
L’arbre que j’abats
Comme il est calme
Issekiro
Et aussi :
Sieste
La main cesse
De mouvoir l’éventail
Taigi
On « voit » le reflet de la lune sur l’eau calme du lac. On devine la ligne qui vient troubler la surface de l’eau et faire trembler ce reflet. Bien plus, on « entend » le silence de la scène. La sérénité dans la solitude tranquille du pêcheur.
Touchée par la ligne
De la canne à pêche
La lune d’été
Chiyo-ni
L’instant saisi en quelques mots
Devant le chrysanthème blanc
Ils hésitent un instant
Les ciseaux
Buzon
Le mouvement
Le saule
Peint le vent
Sans pinceau
Saryû
Et pour finir, deux haïku de ma composition
De bourdonnement en grondement
L’hélicoptère déchire le ciel
Sieste sans sommeil.
Et celui-ci, inspiré par le temps passé à travailler dans le menzeh sur la terrasse de ma maison. Avec l’Atlas enneigé à l’horizon.
Un bouquet de plumes grises
Festin sur la terrasse
Le chat
C’est à vous !
& & &
Maurice Coyaud (né en 1934 à Hanoï, alors sous colonie française et décédé en 2015 à Quincy-sous-Sénart) est un linguiste français, spécialiste des langues et des cultures de l’Asie de l’Est. Pour en savoir plus sur l’auteur, voir ==> ICI
Voir aussi Haïku érotiques ==> ICI
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