Paris-Bagdad en auto-stop – été 1965. Un voyage initialement prévu avec une amie sur les côtes de la Yougoslavie. Ce pays existait à l’époque. Et la rencontre miraculeuse, à la sortie de Vienne en Autriche, de cinq bus de la Commonwealth Expedition. Cinq bus qui vont en Indes. Avec des étudiants d’Oxford, de Cambridge, du Pays de Galles, d’Ecosse et de Londres. Et autant d’autobus. En tête du convoi, une Land rover conduite par un ancien militaire. Cheveux en brosse, moustache drue. L’Empire britannique décalqué sur son allure martiale. Une magnifique caricature de ceux qui ont fait l’Empire maintenant déchu !
Le bus des étudiants gallois nous prend en stop
Et nous voilà partis d’université en universités où les étudiants de la Commonwealth Expedition sont chaque soir attendus et fêtés. Quelle chance d’avoir pris ce « lift » ! A la frontière, les étudiants sortent les instruments de musique et dansent en attendant que la bureaucratie effectue son travail et autorise son franchissement à toute cette expédition.
Budapest, Belgrade, Skopje, Salonique, Istanbul, Ankara, Adana, Damas, Amman… le voyage n’est pas fini
A Amman, nous faisons, avec les étudiants, un crochet par Jérusalem. La ville, à l’époque, était sous la souveraineté de la Jordanie. Quelle émotion de fouler aux pied la ville de Jérusalem ! Nous visitons une grotte aménagée qu’on nous présente comme « le tombeau de la Vierge Marie ».
Une halte à la Mer Morte. Mais sans baignade, le bus nous attend. Comme ailleurs, accueil le soir à l’Université d’Amman. Et visite des vestiges romains de la capitale jordanienne. Notamment le célèbre théâtre antique.
Ensuite, la traversée du désert vers Bagdad
Nous avons repris notre autonomie en matière d’auto-stop. Pas trop facile d’échapper à la pression des conducteurs de camion qui nous prennent en auto-stop ! Mais nous retrouvons nos amis étudiants britanniques chaque soir. Quelques jours de repos à Bagdad. Il faut nous séparer. Nous quittons, larme à l’œil, les étudiants de la Commonwealth Expedition qui poursuivent leur voyage vers l’Inde (*).
Encore des rencontres
Nous restons quelques jours à Bagdad. Diner de poissons de l’Euphrate. Pas vraiment bon. Mais le cadre est magnifique. Enorme chaleur le jour. Nous visitons Babylone. Etonnement devant la sculpture du lion qui étreint un être humain. De la pierre dans un monde de terre, d’argile. Nous sommes dans une immense plaine d’alluvions qui se termine par un delta. La pierre a été amenée du Nord. De très loin. Pas ou très peu de touristes à Babylone !
Visite au Ctésiphon. Sa voute fragile qui fait penser à une coquille d’œuf. Qu’est devenue ce bâtiment si délicat après tant de violences brutales vécues par le pays ?
Je n’ai plus un sou…
Mais je me refais une fortune en vendant… mon sang à l’hôpital au centre de Bagdad. Pour 0.8 litre de sang, on me donne l’équivalent de 12 € et un jus d’orange. Une somme à l’époque ! Mais 0.8 litre, c’est quand même beaucoup !
Il est temps de retourner vers Paris
Nous prenons le train Bagdad-Istanbul en 3° classe. A côté de nous, des prisonniers, fers aux pieds. Ils sont enchainés aux sièges du wagon. Bigre ! Ils descendent à Mossoul. Et nous changeons de train.
Retour à Istanbul
Rencontres avec Oguz et Onder. Visite du Grand Bazar. De Pont Galata. Et promenade en mer sur le Bosphore. Balade classique. Rétrospectivement, on pense qu’il n’y avait quasiment pas de touristes, là encore !
En route pour la Grèce
Nous franchissons le pays par les montagnes du Nord. Quelques ennuis avec un chauffeur routier et un pope. Ils nous ont pris en auto-stop dans un camion. Ce n’est pas la morale qui les étouffe ! Ni l’un, ni l’autre. On se fait débarquer en pleine nuit dans la montagne grecque. Mais on en a vu d’autres ! Je laisse mon amie à Corfou. Nous sommes heureux de séparer nos trajectoires !
L’Ile de Corfou
Je n’ai plus d’argent et pas vraiment envie de vendre encore mon sang. J’avise le capitaine d’un bateau qui fait la navette entre Corfou et Brindisi dans le sud de la Botte italienne. Il accepte de me prendre sans payer. Merci Capitaine !
Arrivée en Italie
Nous sommes en septembre. Les vignes sont mures. Je me gave de raisin dérobé dans les champs. Je dors dehors, n’importe où. J’ai hâte de revenir à Paris.
Une dame et son fils en Renault 4 Chevaux me prennent et m’invitent autour d’un plat de spaghettis. Les meilleurs de ma vie ! Mais elle me gronde quand je lui dis que je vole du raisin dans les champs.
Puis Rome, Milan, Genève, Paris. Ouf, je suis arrivé !
& & &
(*) C’est cette année qu’un conflit armé éclate entre l’Inde et le Pakistan. La frontière est fermée. La Commonwealth Expedition et ses étudiants sont piégés en Inde. Ils vendront les 5 bus et reviendront en avion en septembre 1965. Nous apprendrons ces turbulences à notre retour à Paris. Sur la « seconde guerre indo-pakistanaise », voir ==> ICI
Voir l’album photo « Paris-Bagdad – été 1965) ==> ICI
Sur l’incroyable liberté de circuler dans (presque) tous les sens de la Méditerranée, dans les années 60, voir « Les voyages forment la jeunesse » ==> ICI (à venir)
Sur la ville de Bagdad, voir ==> ICI
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