« Naïs Micoulin » d’Emile ZOLA (note de lecture). Il s’agit là d’un recueil de nouvelles dont la première, « Naïs Micoulin » donne son titre à l’ouvrage. Dans une écriture magnifique, Emile Zola apporte sa contribution à la description de la société française du milieu du XIX° siècle. Aux côtés d’Honoré de Balzac et d’Alexandre Dumas.
Il nous parle d’une société en profonde mutation. La « révolution industrielle » bouleverse les relations et les conventions sociales. Celles-ci sont mises à mal par les mutations économiques qui brassent en profondeur la société. Et permettent l’émergence de nouveaux personnages qui vont prendre des places éminentes dans la société. Les femmes sont peintes dans leur force.
Dans cette note de lecture, nous ne traitons que trois nouvelles sur les sept que compte le recueil.
- La première nouvelle, « Naïs Micoulin » nous raconte une histoire d’amour qui franchit, le temps du feu des sens, les barrières de classe
Une histoire dans la lumière aveuglante d’un été sur la côte de la Méditerranée. Dans la brutalité de la domination patriarcale de Naïs par son père Micoulin. Dans la violence des rapports sociaux entre propriétaires et métayers. Une violence qui se projette entre Frédéric, fils des propriétaires, et Naïs fille du métayer.
Zola campe son récit dans la chaleur de l’été
Une chaleur qui ne s’apaise qu’à la nuit tombée. Avec l’obscurité propice aux rendez-vous des amants. Les pins surplombent la mer en à-pics dangereux. La montagne des Alpes finit là son cours dans la mer à l’endroit du village de l’Estaque au Nord-Ouest de Marseille.
Frédéric, fils d’une riche famille d’Aix, coule une vie d’étudiant nonchalant et débauché
Tout à ses plaisirs avec les filles poudrées et parfumées de la ville. Un été, il retrouve dans la propriété familiale à l’Estaque, Naïs, avec qui il jouait enfant. Naïs est la fille de Micoulin, le métayer qui gère les terres de la famille. Une belle fille, solide. A la peau dorée par l’air marin. Son père, Micoulin, la traite avec une rare brutalité, fort de son droit de patriarche sur ses enfants. Elle travaille dans une briqueterie du village.
Naïs va avoir avec Frédéric une passion d’un été
Mais le père de Naïs découvre les amants endormis sous les pins. Par deux fois, il va tenter de tuer Frédéric. Naïs protège son amant. Et c’est Micoulin qui trouvera la mort dans un éboulement. Sur cette côte aux terres friables, les rochers tombent avec fracas dans la mer. Naïs sait que Frédéric va partir à la fin de l’été.
Frédéric retourne à ses filles poudrées et parfumées. Il attend à Aix, dans l’oisiveté, la succession de son père.
Voir l’album photo « Marseille – L’Estaque » ==> ICI
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- Avec « Nantas » dans la seconde nouvelle, Zola nous entraine dans l’histoire de Nantas, un jeune homme ambitieux, servi par une force mentale et une intelligence hors du commun
Le jeune Nantas, fils d’un maçon marseillais, monte à Paris
Il a autant d’ambition que de vent dans ses poches. Il épuise rapidement ses maigres économies. Et erre dans la ville, désespéré.
Une intrigante lui propose un marché. Epouser Flavie, une riche héritière enceinte d’un homme marié de haute condition, pour sauver l’honneur de la belle et de sa famille. Il accepte. Flavie épouse Nantas mais ne se donne pas à lui. Zola se fait là très balzacien.
Nantas grimpe dans la hiérarchie sociale
Il s’enrichit grâce à ses innovations financières. Il devient ministre de l’Empereur Napoléon III. Et… il se découvre amoureux de Flavie. Celle-ci le rejette et lui rappelle leur humiliant accord à l’origine de leur mariage.
Par un stratagème Nantas retourne la situation
Puissant, admiré par le tout Paris, mais rejeté par sa femme, il parvient in extremis à conquérir l’amour de Flavie. La nouvelle se termine sur cette fin heureuse.
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- « Jacques Damour », une nouvelle prise dans la violence de la Commune, de sa répression. Des suites douloureuses vécues par les hommes et les femmes qui ont été, un court moment, acteurs de l’Histoire
Jacques Damour est ouvrier ciseleur de métaux. Félicie, nièce de la marchande de fruit. Ils se marient, s’établissent rue des Envierges dans le XX° arrondissement de Paris. Eugène, un garçon, vient au monde. Nous sommes tout là-haut sur la colline de Belleville. Là où la rue Piat découvre la vue sur tout Paris.
La guerre de 1870 vécue au sein d’un quartier populaire de Paris
Les Prussiens ont déclaré la guerre à la France. On annonce victoire sur victoire de l’armée française… Mais en deux temps, Paris est assiégée. L’armée a été défaite. Les forces sensées défendre la capitale sont dispersées, battues. Que s’est-il passé ?
La vie devient difficile. Plus de travail, de moins en moins de pain. Les rumeurs courent. Le gouvernement français va pactiser avec l’armée prussienne pour étrangler le peuple. La révolte gronde !
La Commune se lève et rend espoir aux gens des quartiers populaires
Jacques et Eugène s’enrôlent pour défendre la Commune. Tous les soirs, ils refont le monde. Les riches, les puissants, les politiciens vont payer leur lâcheté, leur trahison. Le peuple en arme va établir la justice, la paix, et chasser tous ces traitres, ces affameurs… Tous les matins, ils partent, fusil à la main, sur les barricades.
Eugène est tué
Une balle en pleine poitrine fauche Eugène. Le quartier, mobilisé, accompagne le cercueil au cimetière du Père Lachaise. Jacques est bouleversé mais reste déterminé. Il vengera son fils ! Félicie ne peut le raisonner. Il repart le lendemain sur les barricades.
L’armée de Versailles avance
Seul le réduit du Père Lachaise continue de résister. Jacques s’y rend, pour continuer la lutte. Il est capturé par les Versaillais. Ses amis sont fusillés sur le champ. Comme il n’a pas de poudre sur les mains, on le met en prison. Il est condamné et expédié en Nouvelle Calédonie.
Des années dans l’ile lointaine
Il adopte un comportement modèle et peut espérer une grâce. Ainsi que le retour à Paris. Où il retrouvera Félicie et Louise, leur fille qui est née quelques années après Eugène. Il n’a aucune nouvelle d’elles. Ses lettres sont restées sans réponse.
Evadé et déclaré mort noyé
Mais il n’en peut plus. Et s’embarque dans une évasion à la rame vers une colonie britannique. Le bateau fait naufrage. Quatre corps noyés sont retrouvés. Jacques est déclaré mort. Félicie reçoit un avis de décès.
Mais Jacques n’est pas mort
Il ère dans les iles britanniques. Rejoint les Etats Unis pour faire fortune. Mais la fortune ne veut pas de lui. Il revient en France, l’amnistie est déclarée. Il peut rentrer. Mais il est « mort ».
Comment un mort peut-il revenir ? Il finit par retrouver Félicie. Déclarée veuve, elle a épousé un boucher qui fait tourner rondement son affaire. Félicie est à la caisse, épanouie dans ses 40 ans. Leur fille Louise a disparu, entrainée dans une autre vie.
Le retour de Jacques est dramatique
Il se présente devant sa femme. Lui le revenant ! Le mari boucher arrange l’affaire avec habileté. Jacques est désespéré, pauvre, perdu dans la ville, sans travail. Il a tout perdu.
Mais il retrouve Louise sa fille
Elle a épousé un riche bourgeois. Et elle lui aménage une petite maison à la campagne. Il y retrouve le repos dont son errance l’a privé jusque-là. Il passe son temps à pécher, sur le bord de la rivière qui borde son jardin. Et Louise vient le voir régulièrement.
Comme à ses autres nouvelles, Zola apporte une fin heureuse. Une histoire dramatique qui nous fait vivre la Commune et ses suites à hauteur d’homme. Dans un quartier populaire de Paris.
Zola nous campe dans ces nouvelles, des femmes fortes. Et des hommes déchus, abattus, en loques. On ne perçoit pas les leçons qu’il en tire. Mais il met en scène ces femmes qui font tenir le couple, la société.
Il nous expose ces mutations que l’irruption de la « modernité » introduit dans les rapports sociaux. Dans le rapport à soi. Etonnante puissance de l’écriture, de la pensée de Zola !
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La Commune de Paris est la plus importante des communes insurrectionnelles de France en 1870-1871, qui dura 72 jours, du 18 mars 1871 à la « Semaine sanglante » du 21 au 28 mai 1871. Pour plus d’informations, voir ==>ICI
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