L’égalité en danger. Nous vivons actuellement un gigantesque glissement de terrain qui charrie boues, haines, violences… A la base de tout ce désastre, c’est la mise en cause sans précédent du principe d’EGALITE. Alors que ce principe semblait suivre une évolution séculaire vers sa généralisation au niveau planétaire.
Je viens de terminer la lecture du roman de Sawako Ariyoshi « Les dames de Kimoto ». Un livre qui m’a procuré de riches enseignements sur la société japonaise avant et pendant la poussée ultra-nationaliste qui a conduit au désastre de la guerre et à la défaite. Mais aussi un immense plaisir à sa lecture pour l’intelligence des sentiments humains qui y sont exposés. Voir sa note de lecture ==> ICI.
Il m’est venu une pensée sur l’égalité
Sur l’unité du genre humain. J’ai mis en perspective d’autres ouvrages lus récemment. Comme « Madame Hayat » d’Ahmet Altan. Ou bien « Autour du cou » de Chimamanda Ngozi Adichie. Ou « Le dernier quartier de lune » de Chi Zijian.… et bien d’autres… [1]

Une pensée comme une évidence : la littérature constitue une des preuves tangibles de l’égalité. Dans mes lectures récentes de romans d’auteurs contemporains de tous les continents, de toutes les sociétés, je suis frappé par la façon dont des écrivains sont capables de nous livrer des œuvres qui nous touchent par-delà les environnements culturels où se situent l’auteur et les personnages de sa fiction. Qui nous émeuve au plus profond.
L’unité du genre humain
Il y a certes de bon et de moins bons écrivains. Mais ils ne se répartissent pas selon une ligne qui mettrait d’un côté l’Occident et de l’autre, le Reste du Monde, comme pourrait le suggérer la pensée raciste. Il n’y a pas de hiérarchie entre les écrivains reconnus comme de bons écrivains.
L’émotion et le plaisir à lire des ouvrages écrits en Amérique latine, en Chine, en France, en Afrique noire, au Maroc… je les ressent comme la démonstration de l’unité du genre humain, par-delà les différences culturelles.
L’amour, l’amitié, l’engagement, le sens de la famille, le rapport au travail… Le rapport à l’autre dans sa différence, le rapport à la nature, à la beauté… Mais aussi la lâcheté, le mensonge, la tromperie, la malversation, la cruauté… Toutes ces innombrables facettes qui modèlent le genre humain sont traitées d’une façon compréhensive. D’une façon accessible quel que soit l’environnement de l’auteur. Par tous. D’où que l’on soit. Où qu’on ait les pieds sur la planète.
Ces œuvres font l’humanité, dans sa complexité, ses contradictions, ses incohérences… mais sa profonde unité.
Et cette pensée m’est venue alors que… de puissantes forces contestent désormais ce principe d’égalité
Désormais, des dirigeants politiques, élus selon des élections non contestées, assument des positions qui nient ouvertement le principe d’égalité. Ou qui mettent en œuvre, sournoisement, des politiques qui le viole dans les faits. L’égalité entre individus. Mais aussi égalité entre les nations, au moins formellement.
Et cette remise en cause de l’égalité entraine avec elle celle des droits. Car l’égalité reste un principe abstrait si elle n’est pas soutenue par des droits qui la rendent possible et défendable.
Sommes-nous tous égaux en humanité ?
Egaux entre hommes et femmes ? Egaux selon la couleur de notre peau ? Et selon nos croyances, nos cultures, nos nationalités… ?
Gaza. Le paroxysme de ce rejet de l’égalité est mis en œuvre dans l’horreur en ces années 2024-2025 avec le génocide par les bombes et par la faim commis par les autorités israéliennes à Gaza. Après des décennies de violences basées sur la discrimination et le droit du plus fort. A Gaza, mais aussi en Cisjordanie.
Les déclarations de certains responsable israéliens sont sans équivoque. Les Palestiniens sont des animaux. D’ailleurs, existent-ils vraiment, ces gens-là ?
A peine moins violents sont les propos du président Trump à propos des Africains et « leurs pays de merde ». Voir ==> ICI
Ce sont des siècles de recul dans notre civilisation humaine qui sont à l’œuvre avec ce refus de l’égalité.
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[1] Avec les romans lus ces derniers mois (et dont j’ai écrit, pour chacun, une note de lecture) j’ai fait plusieurs fois le tour du monde. De l’Afrique sub-saharienne (avec les œuvres de Chimamanda Ngozi Adichie, Gauz, Ahmadou Kourouma, David Diop, Scholastique Mutasongo …) à la Finlande (Arto Paasilinna …). De la Chine (avec les œuvres de Yu Hua, Mo Yan …) aux Caraïbes (Patrick Chamoiseau …). Du Japon (Aki Shimazaki, Ogawa Ito, Sawako Ariyoshi …) à l’Egypte (Naguib Mahfouz, Alaâ el Aswany, Sonallah Ibrahim …). Du Nord de l’Afrique (Mohamed Berrada, Leila Slimani, Hocine Tandjaoui, Salah Badis, Kawtar Harchi, Mahi Binebine, Abdellatif Laabi, Rachid Benzine …) à l’Afrique du Sud (J.M. Coetzee …) et à la France (Marguerite Yourcenar, Jeanne Sautière, Pierre Assouline, Christophe Boltanski…). De la Turquie (Ahmet Altan, Orhan Pamuk …) à la Colombie (Gabriel Garcia Marquez …). Des Etas Unis (Toni Morrisson, Ayana Mathis…) à l’extrême est de la Russie (Chi Zijian)…