Evelyne, en vacances dans la région, va au café du village pour voir à la télévision le duel entre les candidats, précédent le second tour de l’élection présidentielle, le 28 avril 1988. L’ambiance est chaude, la majorité des présents, agriculteurs, commerçants, est toute acquise à Chirac. Ce sera un duel à mort, on va bien voir comment Chirac ne va faire qu’une bouchée du Mitterrand.
Le débat débute entre les deux candidats
Les mots s’échangent, chacun évalue l’autre pour le prendre au piège, devant les millions de téléspectateurs. On a d’un coté un Chirac sûr de lui, bourré d’arguments rationnels irréfutables, qui assène ses idées et avance comme sur un boulevard. En face, Mitterrand joue au chat avec la souris. Il prend des biais, fait des sourires entendus, joue sur « comment nommer l’autre »… Evelyne est persuadée que Chirac l’emporte dans le duel….
Mais l’assistance ne sent pas ainsi les choses. Tout à son enthousiasme au début des échanges, elle se fige progressivement dans un désarroi croissant. Leur héros n’est pas bon, ses coups ne portent pas, il ne se rend pas compte que Mitterrand le domine.
L’échange fatal à Chirac
Un échange entre eux contribue à mettre Chirac KO devant Mitterrand. Chirac parle avec une compassion à peine feinte de la solitude des personnes âgées et des animaux de compagnie qui les accompagnent. Il le fait visiblement à partir de fiches que des énarques et conseillers en communication ont rédigé dans ce sens, en déployant forces détails et analyses sur la solitude des vieux… Mitterrand lui répond en une phrase : « Moi, j’ai un chien, et j’aime mon chien ». Point à la ligne. C’est lui qui emporte l’adhésion sur cet échange, en s’engageant comme sujet, face aux fiches savantes de Chirac.
L’élection se joue au niveau de l’inconscient collectif
Ce soir d’avril 1988, dans le café de Savoie, les habitués on senti la défaite de leur favori, inconsciemment, mais clairement.
Au second tour les élections le 8 mai 1988, François Mitterrand est élu avec 54% des voix.