« Bouddhas et Rôdeurs sur la Route de la Soie » de Peter HOPKIRK. Un livre horrible ! Comment me suis-je retrouvé à l’acheter et en lire une partie ? Trompé par le sujet, l’Asie Centrale des 23 derniers siècles. Une région immense, au passé Bouddhiste [1] et Chinois, traversée par la Route de la Soie [2]. Un projet grandiose amorcé par la Chine au II° siècle avant J.C. Une route qui va décliner, ensevelie sous les sables, après que les fleuves venant de la fonte des glaciers de l’Himalaya se sont taris. Assurant ainsi la mort des oasis qui longeaient le désert du Taklamakan [3].
Mais le vrai sujet du livre, c’est le récit des exploits des explorateurs britanniques, qui ont investi cette région à la fin du XIX° siècle. Avec tous les poncifs du triomphe de ces héros sur la soif, la peur, le froid, la chaleur…. Et de leurs relations avec les indigènes, porteurs, guides…
Un regard colonial, porté dans les années 1980 à la gloire des britanniques et de leur empire. Sur les aventures de ces géographes, espions, archéologues. Une histoire de pillage !
J’abandonne la lecture du tiers du livre, et je le jette aux ordures.
L’Asie centrale, une immense région au cœur d’un immense continent
Une région à la nature hostile, entre la chaine de l’Himalaya au Sud et les montagnes bordant la Sibérie au Nord. Qui forme comme un couloir de passage, offert aux vents violents, chargés de sable. Un passage au travers de deux grands déserts. Le Désert de Gobi à l’Est, celui du Taklamakan à l’Est. Des désert bordés d’oasis qui étaient alimentées par l’eau coulant des montagnes qui les entourent.
En termes géostratégique…
… une région située entre les ambitions et les craintes des dirigeants de trois empires. L’empire britannique, l’empire chinois et l’empire russe. La hantise des britanniques, c’est la poussée de l’Empire russe vers le Sud. C’est à dire vers l’Inde, pièce maitresse de leur Empire.
L’obsession des « découvertes »
Faire de l’arrivée d’Européens la « découverte » d’une région, d’un continent, s’est institué comme une évidence dans l’imaginaire dominant. Christophe Colomb « découvrant » l’Amérique, on connait l’histoire. Une façon d’effacer les populations qui peuplaient ces régions. Et l’histoire qu’ils portaient.
Donc « Bouddhas et Rôdeurs sur la Route de la Soie » de Peter Hopkirk nous raconte la « découverte » par des explorateurs britanniques de ces immenses territoires. Il mentionne, bien sûr, la concurrence qui s’est développée dans cette « découverte » avec les explorateurs russes, puis allemands, japonais, français.
La vie le long des Routes de la Soie
Or ces territoires avaient connu près de mille années de vie intense, traversées par les Routes de la Soie qui reliaient Chang’an (aujourd’hui Xi’an [4]) aux villes de la Méditerranée orientale, dans l’actuelle Syrie.
On visitera Xi’an en photos la ville de Xi’an en cliquant ==> ICI
Ces routes ne transportaient pas que des marchandises. Aux côtés des activités commerciales, elles ont porté de l’Inde vers la Chine le Bouddhisme. La culture, l’art bouddhistes se sont égrené tout au long de ces Routes, faisant vivre de riches villes-oasis en bordure des déserts de Gobi et de Taklamakan. Villes-oasis qui ont été englouties par le sable après la raréfaction de l’eau des fleuves qui les alimentaient. Mettant fin, pour plusieurs siècles, à l’activité sur les Routes de la soie.
Découvertes archéologiques
L’obsession a aussi porté sur la découverte des vestiges archéologiques de ces cités bouddhistes englouties par les sables des oasis qui bordaient le Taklamakan. Des oasis prospères qui formaient un chapelet de villes marchandes que reliait la Route de la Soie.
Et ces villes marchandes ensevelies contenaient des témoignages archéologiques fabuleux. Des statues, des fresques murales, des panneaux peints. Mais surtout des livres. Autant de vestiges que les explorateurs se sont occupés à sortir des dunes qui avaient étouffé ces villes. Et dont il ne restait souvent que des ruines.
Les explorateurs emportent des caisses de ces antiquités. La population locale se met à chercher ces objets pour les vendre aux britanniques. Mais aussi aux explorateurs russes. Et aux autres explorateurs qui sillonnent l’extrême ouest de la Chine, qui ne peut s’opposer à ces incursions.
Au total, une histoire de pillage
Pillage des « pilleurs autorisés » par leur domination coloniale, en conflit entre eux même (Britanniques, Russes, Japonais, Allemands, Français). Auxquels s’ajoutaient les « pilleurs sauvages » : les habitants de ces régions qui depuis longtemps cherchaient l’or sous le sable. Mais qui ont redoublé d’activité quand les antiquités ont été valorisés par les explorateurs.
A ces pillages, se sont ajoutées les destructions des figures humaines représentées sur les statues, les fresques murales avec l’arrivée de l’Islam dans ces régions.
Des indigènes à moitié analphabètes
Parmi ces « indigènes » pour reprendre le vocabulaire colonial, il s’en est trouvé de suffisamment malins pour vendre aux explorateurs des manuscrits portant des écritures totalement inconnues. En fait, des écritures créées de toute pièce par eux. Et qui avaient fait l’objet de recherches savantes à Londres, Saint Pétersbourg et Berlin ayant débouché sur des publications dans les plus nobles revues scientifiques.
Peter Hopkirk note que des indigènes « à moitié analphabètes » avaient ainsi réussi à tromper de grands savants occidentaux.
(…) Je cesse ici la lecture de ce livre ainsi que cette note de lecture !
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Peter Hopkirk (1930 – 2014) est un journaliste, auteur et historien britannique, qui a écrit six livres sur l’Empire britannique, la Russie et l’Asie centrale. Il a reçu plusieurs prix. Son milieu familial et ses expériences militaires lui ont facilité sa future carrière d’écrivain spécialisé dans les endroits dangereux, les situations difficiles, l’espionnage et les complots. Wikipédia.
[1] Le bouddhisme est une religion et une philosophie dont les origines se situent en Inde aux VIᵉ – Vᵉ siècles av. J.-C. Wikipédia. Pour en savoir plus, voir ==> ICI
[2] La Route de la soie est un réseau ancien de routes commerciales entre l’Asie et l’Europe. Reliant la ville de Chang’an en Chine à la ville d’Antioche, en Syrie médiévale. Elle tire son nom de la plus précieuse marchandise qui y transitait : la soie. Wikipédia. Pour en savoir plus, voir ==> ICI
[3] Le Taklamakan (تەكلىماكان قۇملۇقى en ouïghour, chinois : 塔克拉玛干沙漠) est un désert continental d’Asie centrale, dont la grande majorité de la surface se trouve dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang en République populaire de Chine. Il est surnommé la « Mer de la mort », avec une pluviométrie extrêmement faible. De forme ovoïde, ce désert occupe une vaste cuvette géologique bordée par les massifs du Pamir et des Tian Shan au nord et à l’ouest et par la cordillère du Kunlun puis le plateau du Tibet au sud. Il se situe à l’ouest du désert de Gobi. Avec 1 000 km d’ouest en est et 500 km du nord au sud et une surface de 270 000 km. Wikipedia. Pour en savoir plus, voir ==> ICI
[4] Chang’an (chinois simplifié : 长安 ; chinois traditionnel : 長安), aujourd’hui Xi’an dans la province du Shaanxi, fut la capitale de plus de dix dynasties durant toute l’histoire de la Chine. Son nom signifie « paix perpétuelle » en chinois classique, car cette capitale fut utilisée à plusieurs reprises par des nouveaux dirigeants chinois venant de fonder une dynastie. À l’époque de la dynastie Ming, une nouvelle ville fortifiée nommée Xi’an, qui signifie « Paix occidentale », est construite sur le site de la ville de l’époque des dynasties Sui et Tang. Elle a conservé son nom jusqu’à aujourd’hui. Wikipédia.