Slavoj ZIZEK recentre le débat : « C’est l’establishment qui est la cause première de la crise actuelle ! » 

« Au lieu d’être obsédées par le phénomène Trump, les gauches progressistes devraient se livrer à une dure autocritique sur leur rapport aux classes populaires ». Plaide Slavoj Zizek. Le philosophe slovène, invité d’une conférence à Bruxelles. » (décembre 2016)

 Je partage totalement l’analyse que Slavoj Zizek a développé à Bruxelles après l’élection de Donald Trump. Devant des étudiants qui s’effrayaient de la montée des régimes autoritaires et fascisants en Europe il déclare avec force. « Ma peur la plus vive, ce n’est pas la poussée de nouveaux fascismes. Ce n’est qu’un symptôme […]. Il faut traiter la maladie. Le problème, ce n’est pas le fascisme. C’est cette démocratie libérale. L’establishment doit se livrer à une solide autocritique, sur les raisons de son échec. Et ma grande peur, c’est qu’il ne le fasse pas. »

 Oxfam vient de publier un rapport qui démontre que les 8 personnes les plus riches du monde possèdent un patrimoine équivalent à celui des 3,6 milliards les plus pauvres de l’humanité. 

 

La voracité des élites

 Les causes premières des difficultés des sociétés du Nord proviennent de la voracité des élites politiques et économiques qui, au travers de la mondialisation libérale, ont mis patiemment en place des institutions qui déplacent la richesse à leur profit depuis des dizaines d’années. Elles ont aussi activement soutenu l’idéologie qui justifie ces réformes. Ouverture commerciale; libéralisation des marchés; déréglementation bancaire; démantèlement des fiscalités… Mais aussi flexibilisation des droits du travail; réduction des droits sociaux; démantèlement des services publics; protection des droits intellectuels; normes techniques…

 

Des Etats capturés

 Ces institutions sophistiquées, hors de portée des citoyens (trop complexes, trop lointaines) sont modelées par les firmes multinationales qui ont littéralement « capturé les Etats ». Une capture effectuée avec le consentement des élites politiques. La Commission européenne est de ces organisations capturées par les intérêts privés. Des intérêts qui œuvrent dans l’obscurité des démarches de lobbying au modelage des lois et règlements à leur profit. Un système qui légalise la prédation des ressources publiques. Comment ? En rendant légale l’évasion fiscale organisée par les firmes multinationales avec l’appui des banques et de l’establishment. Qui fait croître les profits alors que les firmes licencient…

 Les organisations d’extrême droite sont là pour opposer entre elles les personnes qui subissent ce pillage par les élites. Ne nous trompons pas. Dans le choix entre Trump et Clinton au USA en novembre dernier, ==> Madame Clinton était la cause, et Monsieur Trump l’effet !

 Au Forum de Davos en janvier 2017, la crème de l’establishment mondial « s’est inquiétée » des conséquences de la croissance des inégalités dans le monde. Un comble ! On en peut pas être plus cynique !

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