Dans cet article, j’ais illustré le décrochage entre croissance des salaires et croissance de la productivité par un graphique que j’avais trouvé sur le site d’ATTAC, sans en vérifier la source ni le pays concerné (je pensais qu’il s’agissait de la France). Or il s’agissait des USA. ATTAC l’a reconnu et a retiré ce graphique de son site.

Au terme d’une campagne sur Twitter très rugueuse, j’ai reconnu mon erreur et j’ai retiré également ce graphique de mon article.

Voir l’article en question ==> ICI

A l’aire de la « post-vérité », il importe en effet d’être très vigilant sur les informations que l’on publie. De ce point de vue, le rôle des réseaux sociaux a été positif.

Mais sur le fond, l’information délivrée était exacte

La rage de certains posts sur Twitter provenait plus de la remise en cause de croyances sur les vertus du libéralisme que de défense de la vérité! Je renvoie à l’article de Michel Aglietta dans l’ouvrage que le CEPII vient de publier en 2018 « 40 ans du CEPII, carnets graphiques », article que je reproduis ci-dessous :

À la fin des années 1970, la phase de crises inflationnistes, qui avait mis un terme au capitalisme contractuel débuté dans les années 1950, laissait place, à partir du début des années 1980, à un nouveau régime, celui du capitalisme financiarisé.

Caractérisé par une croissance sensiblement plus basse, le capitalisme financiarisé est à son tour entré dans une phase de transformation ouverte par la crise financière systémique de 2007-2008. Le capitalisme contractuel avait surmonté le sous-emploi involontaire de l’entre-deux-guerres, grâce à des institutions de médiation du rapport salarial, la négociation collective et les modèles de protection sociale, grâce aussi à la régulation stricte de la finance et à un système monétaire international, celui de Bretton Woods, qui conciliait l’autonomie des politiques monétaires et la stabilité du change. La progression des salaires réels était étroitement reliée aux progrès de productivité des entreprises, incitant ces dernières à investir pour les réaliser et soutenant ainsi la croissance potentielle.

Le capitalisme financiarisé s’est placé sous l’égide de l’expansion continue des marchés financiers, intermédiée par les banques et les intermédiaires financiers du shadow banking. L’interpénétration de la finance de marché et des stratégies d’entreprises au service des actionnaires est au cœur de ce régime de croissance. Le principe de la valeur actionnariale y a le rôle central que la négociation collective des salaires avait dans le capitalisme contractuel : le lien entre salaire et productivité qui prévalait dans le capitalisme d’après-guerre a été remplacé par une gouvernance exclusivement tournée vers la valorisation du rendement des actionnaires. Freinée par les inégalités sociales, la croissance est suspendue, dans ce régime, à l’endettement et à la hausse des prix d’actifs, avec pour conséquence une économie globale entièrement asservie au cycle financier.

Voir l’article de Michel Aglietta ==> ICI