Témoignage d’un ex-élu municipal dans une ville du Maroc

« Nous avons focalisé notre action sur l’intérêt général, sur une vision stratégique d’ensemble pour la municipalité. Et nous avons perdu de vue la dimension des personnes au niveau individuel.

Et aussi parce que certains élus de gauche ont eu un mauvais comportement (corruption). Les autres (le PJD*), travaillent sur l’individu. Ils n’ont aucune vision d’ensemble sur la ville, sur le territoire, sur les acteurs. Mais ils abordent la société en prenant en considération chaque situation individuelle (la veuve, la personne dans la pauvreté, dans le besoin, malade…). Et lui apportent une réponse concrète. Nous, on a rêvé le développement de notre ville, d’une façon abstraite. Mais on n’a pas réussi à entraîner la population dans notre projet. »

Société de lien (de loyauté interpersonnelle), société de droit (de légalité sur une base de droits impersonnels)

On a ici l’affrontement de deux visions de la société et de l’action politique. Celle qui tient compte de la prévalence des liens. Qui s’appuie sur les mécanismes traditionnels issus de la pensée religieuse, la charité comme lien entre deux individus. Dans une relation personnalisée, de donneur à receveur. Ce système forme et conforte les relations clientélistes. L’assistance procurée par les militants du PJD se traduira par un vote pour ce parti aux prochaines élections.

De l’autre coté, une vision qui s’appuie sur le droit. Qui mobilise l’assistance non pas sur un mode personnel, mais sur la base de droits. Mais cette vision est abstraite pour l’immense majorité de la population. Celle-ci demeure dans un système de prévalence des liens sur le droit. Il n’y a aucune vision normative à avoir en la matière.

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* PJD : Parti de la justice et du développement, le parti islamiste actuellement majoritaire au Gouvernement. 

Voir aussi Khadija entre fidélité et vérité ==> ICI

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