« Récits de notre quartier » de Naguib MAHFOUZ (note de lecture)

Dans l’univers familier de l’auteur, les rues populaires du Caire, nous vivons à hauteur des yeux d’un enfant la vie du quartier, les histoires qui forment la communauté de la « ruelle ». Entre cimetière et monastère soufi, à la lisière de la grande ville.

« Récits de notre quartier » de Naguib MAHFOUZ - couverture du livre

 

Les femmes, les voyous, les fous et les saints, les morts…

 Les femmes

 Des histoires qui mettent en scène l’éveil des sens pour un jeune garçon. La fascination pour les belles qui traversent, hiératiques, le quartier. Ou la découverte du corps de la veuve qui s’abandonne aux caresse de l’adolescent. Les petites et les grandes querelles, les intrigues entre voisins, les mariages arrangés et rompus… Les tromperies et les vengeances,, le petites et les grandes amours. Au total, l’immense poids de la hiérarchie des statuts !

 

Les voyous

 Le quartier est protégé, défendu et racketté par les futuwwat, des voyous qui constituent une bande autour d’eux. Les chefs et leur acolytes font partie de l’identité même de la communauté. On s’en plaint, mais on les tolère. On peut même les utiliser pour des basses besognes. Ils sont là, on ne peut les déloger et gare à ceux qui contestent leur pouvoir. Et pour les jeunes garçons désœuvrés, c’est un honneur de rejoindre la bande, si on est accepté par le chef.

 

Les fous

 Ce sont tous ceux qui rompent avec l’ordre apparent des choses. Rupture assumée. Ou rupture subie, dans l’impossibilité d’assumer la déviance. La folie, feinte ou réelle, est la seule façon d’échapper au carcan social. Sauf à disparaître à jamais, dans un autre quartier éloigné, dans une autre ville, un autre pays. L’ordre est dicté par la morale religieuse, écrasante, et par les croyances les plus diverses où tout se mêle, sous l’onction islamique. Moqués, piétinés ou sanctifiés, les fous errent dans la ruelle, disparaissent pour un temps ou pour toujours. Les rumeurs et ragots vont bon train, cimentant la communauté. Et débouchant parfois sur la sanctification. Les fous et les saints sont proches dans l’imaginaire populaire.

 

Les morts

 Ils donnent à l’ouvrage son point final. Morts attendues et inattendues, morts expliquées et inexpliquées. Morts provoquées par les violences au sein de la communauté : qui a tué ?  Ou mort projetée sur soi-même, dans le mystère du suicide.

Un monde replié sur lui-même, où la religion, omniprésente, est tout à la fois une ouverture sur l’infini, les questionnements universels, et un enfermement sur la règle, la punition, le contrôle social, l’obscurité, le renoncement.

Des pages qui nous parlent du Caire d’avant et de toujours.

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Najib Mahfouz (arabe : نجيب محفوظ, Naǧīb Maḥfūẓ), né en 1911 au Caire et mort  en 2006 dans la même ville, est un écrivain égyptien contemporain de langue arabe et un intellectuel réputé d’Égypte, ayant reçu le prix Nobel de littérature en 1988. Pour en savoir plus sur l’auteur, voir ==> ICI

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