Cornelius Castoriadis parle de l’insignifiance du monde, d’un monde submergé par la marchandise.

On a eu en France une séquence de deux présidents qui sont symboliques de cette insignifiance du politique. Celle de Sarkozy, président hyper-agité, obsédé par les médias. Un président mobilisant les français sur leurs divisions, attisant les haines. Déversant à tout-va des propos écrits dans ses cabinets au grès des influences de son entourage. On pense à son discours de Dakar sur l’Afrique et son retard historique…

Celle de Hollande, un pas de plus dans l’insignifiance, parvenant à vider les mots de tout contenu, de tout sens. Délivrant un langage appauvri au point de ne plus vouloir rien dire. Démocratie, coopération, solidarité, cohésion, citoyenneté… tant de mots faits pour soutenir le discours politique comme les pierres des fondations soutiennent un bâtiment. Hollande avait la magie de les rendre totalement creux, sans réelle prise dans nos esprit sur quelque chose de solide, qui donne des points de repères. Qui établisse de la confiance. Quelque chose qui résonne dans la conscience collective comme porteur d’un accord entre le pouvoir et le verbe.

Voir cette photo qui illustre à merveille « l’impouvoir » de François Hollande ==> ICI

En février 2017, lors de la première rédaction de cet article, nous posions la question suivante. Saurons nous choisir au printemps prochain un président qui redonne à la politique son contenu, et parvienne à réenchanter la scène publique? Celle où se joue notre avenir et celui de nos enfants ?

Insignifiance – Mensonge et Diversion

Trois ans après, sous la présidence d’Emmanuel Macron, on a légèrement changé de registre. Ce n’est plus l’insignifiance, mais le mensonge et la diversion qui se sont installés au plus haut niveau du pouvoir.

La formule « en même temps » en est une des illustration. « En même temps de droite et de gauche » a vite donné son sens véritable : en même temps de droite et de droite !

Mais le voile sur le réel se soulève légèrement. D’une part avec un Président qui assume sa position de soutien aux riches, aux puissants, à ceux qui réussissent y compris au dépends des autres. D’autre part dans la société, avec la perception accrue d’une croissance des inégalités sociales. En France, avec le mouvement des Gilets Jaunes. Mais aussi partout ailleurs, au Nord comme au Sud contre les oligarchies au pouvoir qui creusent les inégalités sous tous les cieux.

Sur la contre réforme des retraites

Alors pour rester au pouvoir, rendre les mots insignifiants ne suffit plus. Il faut en permanence les tordre. Et bien sûr, avec cette torsion, tordre la vérité. Toute chose est retournée en son contraire.

La contre-réforme des retraites en est un total exemple. Mensonges sur les véritables enjeux de cette « réforme » qui est de livrer aux acteurs financiers (assurances et fonds de pension) la masse d’épargne que constitue le système de retraite. Mensonges sur les effets de la « réforme » sur les différentes couches sociales et sur les femmes. Diversions avec l’histoire des régimes spéciaux, de l’âge-pivot…

Derrière le rideau de fumée constitué par le caractère confus et brouillon de cette « réforme », une part importante de la société perçoit le mensonge et les manœuvres engagées.

Comment transformer cette perception en débouché politique? Pour changer de majorité et revenir sur un système de retraite socialement juste (si le pouvoir réussit à faire passer sa « réforme ») ?

Sur les mensonges de la « réforme » des retraites ==> ICI