Je suis frappé par le très bas niveau des échanges sur les espaces de discussion offerts aux internautes, même sur les sites réputés pour leur sérieux. Ce bas niveau tient surtout au fort taux d’injures qui ponctuent bon nombre de commentaires.

Insultes sur le net.

Evidemment, cela dépend du sujet : ainsi, les textes sur la Permaculture ne donnent pas lieu à injures. Plus on s’approche du politique, plus les injures pleuvent, portant très souvent sur les personnes, qualifiées de tous les noms. Les questions identitaires sont les plus chaudes, les plus insupportables dans les propos échangés (il vaut mieux les éviter).

Insulter une personne ne fait qu’affaiblir son propos

Je tente parfois de calmer le jeu, en postant un commentaire bien sage demandant que cessent ces injures totalement contre-productives, surtout quand j’en vois une sous la plume (sous les doigts du clavier) de personnes dont je peux partager par ailleurs une position.

J’ai aussi essayé de m’adresser au modérateur d’un site sérieux en demandant pourquoi le site accepte que des commentaires puissent être faits sous pseudonyme. Je sais que l’on peut toujours s’affubler d’un nom qui ressemble à un nom, mais les pseudos marquent une volonté explicite de se cacher, le plus souvent derrière un bon mot sensé vous représenter (ou vous dissimuler, c’est selon).

Bref, les immenses possibilités offertes par Internet pour les débats publics débouchent le plus souvent sur des échanges décevants, voire sordides, quand on touche au politique.

La découverte de la liberté dans la Tunisie d’après le 11 janvier 2011

On m’a rapporté un moment des échanges lors du début du « printemps » en Tunisie, pendant les premiers mois de 2011. Dans les nouveaux espaces de liberté de parole que la société tunisienne découvrait, les débats avaient pris progressivement un tour très violent, ne s’y échangeaient que des insultes, des procès d’intention sans respect, les injures sexistes fusaient de partout…. Jusqu’au moment où une personne a proposé de baisser le ton, d’introduire du respect et de l’écoute dans les échanges… et les propos se sont apaisés, les échanges se sont polis, on a pu se parler vraiment.

Tunisie : Manifestation en défense de la transition démocratique

Cela n’a duré un temps, la colère a repris le dessus à l’occasion d’un évènement dramatique sur le terrain, les injures ont recommencé, d’abord timidement, puis ce fut le déchainement comme au début, chacun se sentant excusé de hausser le ton par l’insulte de l’autre.

Que faire ?

Inlassablement, demander aux intervenants de calmer le jeu, de maîtriser leur colère, de revenir aux arguments de fond. A tout le moins, ne pas intervenir dans les débats qui dégénèrent… ou quitter les réseaux sociaux.