Une minute de silence, cela ne dure pas 20 minutes ! (Paris, le 22 mars 2016)

Bruxelles, 22 mars 2016, des attentats à l’aéroport et dans le métro font plus de 30 morts. En rentrant de déjeuner, j’ai eu un appel d’Anne-Marie qui m’a dit qu’il y avait un rassemblement à 19 h devant l’Hôtel de Ville de Paris. En solidarité avec Bruxelles.

Rassemblement de solidarité devant l’Hôtel de Ville de Paris

J’y suis allé et je l’y ai retrouvée. La place était entourée d’une barrière et les accès étroitement contrôlés. Il fallait montrer son sac. Une fouille minutieuse était organisée. Ce qui nous a semblé normal et plutôt rassurant ! Quelques milliers de personnes dans le froid. La vaste place partiellement vide, au pied de l’Hôtel de Ville aux couleurs de la Belgique, le drapeau noir, jaune et rouge à chaque fenêtre.

Un peu après 19h, les élus municipaux viennent sur le perron, séparé de la place par une balustrade de pierre et une grille en fer forgé. Et demandent une minute de silence. La foule se recueille. Une voix indique que la minute est terminée. Tout le monde attend une prise de parole par les élus qui ont organisé ce rassemblement.

Le temps s’écoule dans le silence. Les gens se questionnent: pourquoi rien ne se passe?

On attend une parole politique sur ce qui vient de se passer à Bruxelles, sur la solidarité des parisiens avec les bruxellois. Rien, silence ! Par delà la balustrade, j’interpelle un élu, reconnaissable à son écharpe tricolore. Il me répond qu’il n’y aura pas de parole publique, que c’était prévu ainsi.

« Ils sont où, les politiques? « 

A ce moment, une femme crie, hurle : « Pourquoi ce silence? Une minute de silence, ça ne dure pas 20 minutes ! Ils sont où, les politiques? Que font-ils? Pourquoi ne disent ils rien? » Deux hommes du service d’ordre l’éloignent sans violence. Les gens se dispersent en s’interrogeant. Nombre d’entre nous, venus pour ce rassemblement, sommes interloqués par cette dérobade des politiques devant le drame de Bruxelles. Nous échangeons nos questionnements…

Et voilà ! On ne parle plus politique, sauf dans l’insignifiance.

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Sur l’insignifiance de la parole politique, voir   ==> ICI