Pourquoi l’Algérie n’a-t-elle formé un Etat que depuis un peu plus que 50 ans ? L’Etat algérien a un peu plus de 50 ans d’existence aujourd’hui. Avant son Indépendance en 1962, cet espace au centre du Maghreb a été dominé presque sans discontinuer. La domination a pris différentes formes, mais les dirigeants étaient étrangers.

 

Le Maroc a vécu sous plusieurs dynasties de sultans depuis près de 1000 ans. Certains de ces sultans parvenaient à contrôler de vastes parties du territoire (pays Maghzen). Tandis que d’autres voyaient leur espace se réduire à quelques villes. Le reste du territoire restant hors de son contrôle (pays Siba). Mais il y a eu une suite de successions dynastiques, interrompues par des changements de dynasties. La Tunisie, bien que partie de l’Empire ottoman, a formé un Etat central plus ou moins organisé. Elle a même connu une Constitution pour quelques années en 1861.

 

En Algérie, point d’Etat constitué avant 1962

 

Au moment de l’invasion coloniale française (1830), une partie des tribus s’est dressée devant l’armée d’envahissement. C’est l’Émir Abdelkader qui a conduit cette résistance. Mais celui-ci n’a réussi à fédérer contre la France qu’une partie des tribus. Leur division à l’échelle du territoire a permis la victoire des français. Et cette victoire a conduit à la soumission coloniale du territoire pour 132 ans.

 

Un Etat « nouveau né » à l’échelle de l’Histoire

 

Aussi l’Etat algérien, véritable ‘nouveau né’ à l’échelle de l’histoire, fait-il ses maladies infantiles depuis sa naissance. Dans ses difficultés à s’établir comme Etat constitué.

 

Pourquoi cette région du monde a-t-elle été si rétive à former un Etat sous quelque forme que ce soit ?

 

Mystère ! On trouve dans les textes des explications partielles. Mais, sauf erreur de ma part, cette question n’a toujours pas trouvé de réponse. Une réponse qui englobe l’ensemble des dimensions du problème. De multiples mono-explications courent. Aucune n’apporte de réponse satisfaisante.

 

Parmi ces explications univoques, je livre ici celle d’un historien tunisien. Au milieu du XIX° siècle, le taux d’urbanisation était, pour les trois pays du Maghreb, autour de 20% en Tunisie, de 10 % au Maroc mais de moins de 5% en Algérie. Or ce sont les urbains qui poussent à la formation de l’Etat comme institution dépassant les tribus. L’absence d’Etat en Algérie serait donc liée à la faible urbanisation de cet espace. Mais cette explication repousse l’interrogation : pourquoi cette faible urbanisation des algériens ?

 

Les mouvements nationaux dans chacun des trois pays ont été en phase avec ces caractéristiques

 

Au XX° siècle, les mouvements nationaux de ces trois pays du Maghreb central, qui vont mener les luttes pour leur indépendance, sont en phase avec ces formations sociales respectives. Le mouvement national tunisien, mené par les élites urbaines, a puisé dans son passé pour mener son projet national. On se souvient que la Tunisie a disposé d’une Constitution éphémère de 1861. Au Maroc, ce sont des élites rurales traditionnelles qui ont constitué la base du mouvement national autour du Roi Mohamed V. Tandis qu’en Algérie, c’est un assemblage complexe. Entre émigrés frottés au mouvement ouvrier français, anciens sous-officiers de l’armée française, et une grande masse de ruraux qui ont constitué le mouvement national qui a mené 8 ans d’une guerre féroce pour accéder à l’Indépendance.

 

Pourquoi cette absence de forme étatique stable en Algérie avant 1962 ? Je lance cette interrogation ici.

Merci d’apporter des éléments de réponse dans les commentaires qui suivent le texte.

 

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