L’œil, capacités physiques et capacités cognitives

L’œil humain est le plus performant dans les premières années de l’enfance. Dès deux ou trois ans, l’œil perd progressivement ses capacités physiques de vision. Parallèlement, le savoir de l’enfant se développe, il acquiert de plus en plus de capacités pour discerner visuellement les gens et les choses qui l’entourent, pour les nommer…

Ainsi de l’observation à l’œil nu du ciel, des étoiles dans le ciel (si possible en montagne, par une belle nuit sans lune et sans nuées). Voir la nébuleuse d’Andromède, la seule que l’on puisse voir sans outil d’observation, est fascinant pour l’image de l’infini qu’elle procure. Elle est cachée près du Grand Carré de Pégase formé des étoiles Markab, Sheat et Algenib, derrière Cassiopée, à l’opposée de l’étoile Polaire, et n’est visible, en été et de l’hémisphère Nord, qu’en début de soirée.

L’œil d’un enfant de 3 ans verra des millions d’objets célestes, mais n’en reconnaîtra aucun, n’ayant pas encore développé un savoir sur ce champ de connaissance. L’œil d’un jeune adulte verra déjà beaucoup moins de ces objets, mais commencera à distinguer les principales constellations et quelques étoiles qu’il saura distinguer des planètes, à la position éphémère par rapport aux étoiles et leurs constellations. L’œil d’un astronome aguerri verra des milliers d’objets qu’il saura distinguer, identifier, nommer, alors que ses capacités physiques de vision seront dix fois, cinquante fois moindre que celles dont il disposait quand il était enfant. Ainsi, deux courbent se croisent, celle qui nous accorde, de naissance, des capacités physiques et celle que nous pouvons construire, par le savoir. Cette construction est l’œuvre de toute une vie. Quand la vieillesse approche, on en prend conscience avec plus d’acuité. Qui se soucie des objets dans le ciel quand on a vingt ans et tout à découvrir à porté de la main ?

Au bout de sa vie, le vieux savant aveugle voit dans sa tête toutes les étoiles du ciel.