La petite fille du bled qui vient dans la famille de la ville pour s’occuper du bébé qui vient de naître. Dans bon nombre de familles urbaines au Maroc, on a pris l’habitude de faire venir une fillette de 8 à 10 ans pour la naissance d’un enfant. La fillette s’occupera de l’enfant, comme elle a appris à le faire avec ses petits frères et sœurs. Là où elle a vécu jusque-là dans son village natal des montagnes de l’Atlas.

Le père touche son dû

Une fois par an, le père de la fillette vient à la ville et passe voir sa fille et toucher son dû (500 Dirhams, soit environ 45 euros, en 1980).

Le sort de la fillette dépend du bon vouloir de la famille d’accueil

Il en est même qui sont envoyées à l’école ! Mais la plupart du temps, elles jouent un rôle de servante. Toujours à la disposition du bébé, puis de la mère qui en fait rapidement une bonne-à-tout-faire. Ménage, courses, cuisine, lessive, repassage… tout ce qui doit se faire dans une maison.

La relation entre les parents de l’enfant et la fillette sont affectives, avec ce que cela peut supposer de sentiments parentaux. Mais aussi d’attitudes de domination. La fillette revient rarement au village. Elle espère trouver un travail dans la ville, une fois qu’elle est devenue jeune adulte et se détache de sa famille d’accueil. Les parents, de loin, vont cependant contrôler son mariage. Si possible avec un cousin lui aussi venu en ville.

Cette migration interne s’effectue souvent dans l’espace familial au sens large

En période de sécheresse, les familles restées dans les villages envoient souvent en ville, dans la famille élargie, un ou plusieurs enfants. C’est notamment par ce fil que l’exode rural s’effectue, qui suit les fluctuations des pluies.

En 2016, la pluviométrie s’annonce très défavorable au Maroc, les récoltes seront mauvaises. Le cheptel sera aussi durement affecté par le manque de nourriture.

Faire de la mobilité un choix, pas une obligation

Avec l’association Migrations & Développement (M&D), je m’investi en soutien d’actions de changement social. Leur but? Que les villageois et les villageoises puissent avoir le choix. Rester dans leur village. Quitter la campagne. Revenir sur les terres familiales.

Rendre effectif ce choix suppose que l’école primaire fonctionne correctement. Que le goudron, l’électricité et le réseau Internet arrivent au village. Que la gouvernance locale s’ouvre aux jeunes. Mais aussi que l’agriculture rapporte plus de liquidités aux jeunes car l’autoconsommation de l’ancien système a largement diminué.

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Sur l’exode rural au Maroc, voir   ==> ICI

Voir aussi des images sur l’agriculture dans les montagnes de l’Atlas et Anti-Atlas  ==> ICI