Israël – Palestine. Echec stratégique des autorités israéliennes. Au prix d’immenses souffrances, le peuple palestinien met en échec depuis 70 ans le plan stratégique des autorités israéliennes !

Comme des milliards d’êtres humains qui reçoivent les informations digitales en temps réel, je suis bouleversé par le drame qui se joue en Palestine, qui ajoute à tant de drames antérieurs. Je cite une partie du communiqué d’Amnesty International (mai 2018) : « Lorsque des personnes sont à plusieurs centaines de mètres d’une frontière, ce n’est pas une menace imminente. Lorsque des personnes agitent des drapeaux palestiniens et qu’on leur tire dessus, ce n’est pas une menace imminente. Lorsque des personnes s’éloignent en courant et qu’on leur tire dans le dos, ce n’est pas une menace imminente ». Nous sommes là devant des crimes de guerre clairement identifiés. Il faudra, un jour, que les responsables rendent des comptes. Dans 1 an, dans 5 ans, dans 20 ans… les crimes internationaux ne se prescrivent pas.

 

Une donnée simple et fondamentale

Dans la complexité du conflit, il est des données simples et fondamentales qu’il me semble important de rappeler. Je précise que, dans le cadre de mon activité professionnelle, j’ai travaillé 25 ans sur la question, avec plusieurs missions sur le terrain, notamment en 1994 en Jordanie, Egypte, Palestine et Israël après la signature des Accords d’Oslo, ensuite en participant de 2003 à 2008 à un Groupe de contact israélo-palestinien qui travaillait sur une Feuille de route économique pour la paix entre Palestine et Israël. J’en ai démissionné quand j’ai compris l’absence réelle de volonté des autorités israéliennes de reconnaître l’Etat palestinien.

 

Quel est le plan stratégique des autorités israéliennes ?  

 

Récupérer tout le territoire compris entre la Méditerranée et le Jourdain, au nom d’arguments bibliques, par une politique de faits accomplis [1]. Et ce, en faisant tout pour que la population palestinienne quitte ce territoire. Les déclarations des dirigeants israéliens (y compris leur reconnaissance hypothétiques d’un Etat palestinien) ne sont que des moyens de gagner du temps. Un plan porté par les Travaillistes puis par la coalition d’extrême droite actuelle.

 

Reprenons le point de la justification biblique de ce plan

 

Invoquer la Loi de Dieu présente deux écueils (quelque soit la religion invoquée). D’une part, cela revient à la prétendre irrévocable puisque « c’est une loi intouchable qui vient d’en haut », même si on sait que ce sont des hommes (d’ici bas) qui manipulent le discours religieux.

 

Mais surtout, cela signifie que ne peuvent se soumettre à cette Loi de Dieu que ceux qui partagent cette croyance. Qu’en est-il pour ceux qui ont d’autres croyances ? La seule solution est de leur imposer une solution par la force !

 

C’est la raison pour laquelle invoquer la Loi de Dieu ne peut régir d’une façon stable les relations entre les être humains sur le plan social et politique. Seule la Loi des êtres humains, élaborée par discussion/négociation/confrontation peut déboucher sur une solution équilibrée et viable, aussi imparfaite, aussi perfectible soit elle. L’Histoire est riche de solutions que les hommes ont inventé pour vivre ensemble avec des croyances (ou des non croyances) différentes. Ce n’est pas la voie qui est prise, pour l’instant, par les autorités israéliennes. C’est pourquoi aucune situation stable et pacifiée sur le long terme ne pourra s’établir sur la base d’arguments religieux.

 

Echec du plan stratégique des autorités israéliennes

 

Car de leur coté, les Palestiniens expriment depuis 70 ans qu’ils ne veulent pas quitter cette terre, même en payant au prix fort cette volonté de rester. En cela, ils mettent en échec depuis 70 ans le plan israélien, malgré les avancées territoriales, malgré la colonisation, le mur de séparation, malgré les oliviers arrachés, malgré l’eau détournée, malgré l’humiliation permanente aux contrôles, malgré les détentions arbitraires, malgré la brutalité contre des enfants, les tortures, les assassinats ! Et la détermination palestinienne ne faiblit pas (en dépit d’immenses difficultés internes), comme le montrent ces manifestations de masse à Gaza, menées avec des lance-pierre contre des fusils d’assaut à lunette.

 

On peut reprocher aux dirigeants palestiniens

 

leurs divisions, leurs difficultés à définir une stratégie claire. Ainsi, Mahmoud Abbas s’est fait élire président sur une stratégie de lutte non violente contre l’occupation. Il n’a pas été suivi : les Palestiniens, pourtant adossés à la moralité humaine (avoir une terre et un Etat sur cette terre) et à la légalité internationale, ont perdu leurs appuis de masse dans la société israélienne [2] et dans l’opinion mondiale, quand ils ont abandonné les jets de pierre de la première Intifada (de 1987 à 1993) pour des ceintures d’explosifs et des fusées artisanales.

 

La non-violence

 

Les manifestations actuelles à Gaza renouent avec une stratégie de masse sans armes à feu, où les femmes prennent leur part aux mouvements. Cela ouvre la possibilité aux Palestiniens de retrouver un appui massif dans la société israélienne et dans le monde entier. C’est cela qui fait le plus peur aux autorités israéliennes ! C’est pourquoi elles cherchent à étouffer le mouvement à Gaza en tirant à balle réelle sur les Palestiniens manifestant sans armes à feu.

 

On peut aussi reprocher aux dirigeants palestiniens d’avoir accepté les Accords d’Oslo. Une acceptation en échange de quelques symboles d’une souveraineté amputée (drapeau, gouvernement…) sur de minuscules parcelles des Territoires Occupés [3]. Des « Accords » totalement asymétrique puisqu’ils ne reconnaissaient pas leur existence en tant qu’Etat, tandis que les Palestiniens reconnaissaient celle de l’Etat d’Israël. On peut leur reprocher de se laisser instrumentaliser par des pays qui n’ont pas intérêt à ce que la paix s’installe. Mais souvenons-nous de l’Initiative de Paix (مبادرة السلام العربية) que la Ligue arabe avait proposé en 2002 et confirmée en 2007, prévoyant une reconnaissance d’Israël par les pays arabes, en échange de la création d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967. La paix était enfin en vue ! Les autorités israéliennes ont rejeté cette initiative, contraire à leur plan stratégique.

 

Dans la sombre situation actuelle, il est une lueur que porte la refus obstiné des Palestiniens de quitter leur territoire !

 

Des points de repère (partiels)

 

…pour apporter, par delà les nuages de fumée qui obscurcissent le ciel de Gaza et ses douloureuses victimes, un peu de clarté dans le drame qui se joue à nos portes, aux conséquences immenses pour toute notre grande région, Europe – Afrique du Nord – Moyen Orient.

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[1] Pour ne prendre qu’un indice : le nombre de colons installés dans les « Territoires Occupés » est passé de 250.000 à plus de 600.000 depuis les Accords d’Oslo.

 

[2] Rappelons que c’est le basculement, en 1961, de l’opinion publique française en faveur de l’Indépendance de l’Algérie qui a accéléré le dénouement de la guerre de libération anti-coloniale qui avait duré 8 ans et provoqué des centaines de milliers de morts.

 

[3] Cette souveraineté partielle accordée à l’Autorité palestinienne s’applique sur une partie très réduite des Territoires Occupés.

Sur le conflit israélo-palestinien, on lira avec intérêt cet exposé de Wikipedia ==> ICI

 Sur le mensonge dans ce conflit,  voir ==> ICI 


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