Avril 2016

La situation actuelle de crise sécuritaire, morale, sociale… fait apparaître la vacuité, l’impuissance, l’insignifiance du discours dominant qui a installé l’économie comme référent exclusif dans la vie de nos sociétés. Comme si celles-ci ne fonctionnaient qu’avec la productivité, la concurrence, les prix, les rendements boursiers… Comme si les intérêts matériels et individuels étaient les guides uniques des comportements humains !
Nous découvrons, ébahis, que l’économie et les discours des experts ont envahit, depuis 30 ans, tout l’univers mental de compréhension de la marche de nos sociétés. Des discours incapables de nous donner les clés minimales pour rendre intelligibles les événements intérieurs et extérieurs qui bouleversent notre monde.
On peut entendre, à bas bruit, le désir d’élargir notre angle de vue, de chercher à comprendre le monde (et nous dans le monde) avec d’autres lunettes que celles qui ont prévalu depuis plusieurs décennies. C’est le retour du Politique au sens le plus large (comprenant la culture, mais aussi, nécessairement, les croyances, les conflits d’idées…). C’est le recours revalorisés aux sciences humaines qui peuvent, en tâtonnant, dans des débats contradictoires, permettre de retrouver les fils qui nous ont largement échappé avec cette dictature de l’économisme, largement portée par les politiciens en en place.
Mais ce retour du Politique peut servir les meilleurs et les pires des causes, l’Histoire le montre. A nous de faire que ce soit un réveil citoyen, une envie d’intégrer dans notre compréhension du monde l’ensemble des dimensions qui conduisent la raison et les passions humaines, pour repenser/réinventer l’idée du collectif, de l’intérêt général, du long terme, de l’ouverture aux autres, des moyens de lutte non violents. Avec ce timide réveil du politique, nous pouvons rêver sortir la tête de l’eau ! Avec l’arrivée du Printemps, allons-nous nous remettre debout, la nuit mais aussi le jour ?