La pression foncière autour du Caire est devenue si forte, le prix des terrains dans l’étroite bande de terre qui entoure de part et d’autre le cours du Nil si élevé, que la pression pour changer le statut des terres agricoles en terres constructible est gigantesque.

Pour ce faire, les propriétaires de terre agricole, de cette terre fertilisée par les crues du Nil, déversent sur la terre de la brique pilée jusqu’à la rendre stérile. Ainsi, l’une des terres les plus fertiles du monde, fertiles des apports du Nil depuis des millions d’années qui ont produit cette terre noire si riche, devient peu à peu morte.

Une fois l’opération réalisée, le propriétaire fait venir l’administration qui vient constater que la terre n’est plus cultivable. En ajoutant une somme d’argent glissée sous la table, le fonctionnaire signe le document qui rend la parcelle constructible. Et le tour est joué !

La bande cultivable de part et d’autre du Nil est extrêmement étroite, de deux à quatre kilomètres de large. Au-delà, s’étend l’immensité du désert, sur lequel on pourrait construire autant que nécessaire. Cette stérilisation peut se réaliser à seulement quelques centaines de mètres des terres désertiques qui bordent sur des centaines de kilomètres de profondeur, ces terres fertiles.

Ainsi, le cœur vivant de l’Egypte que constitue la vallée fertile du Nil, est en train de mourir sous le béton des constructions, à quelques centaines de mètres des immenses étendues de désert parfaitement constructible.

Les inspecteurs qui délivrent les certificats de stérilité de la terre nécessaires pour autoriser la construction ne s’étonnent pas de l’absurdité de leur démarche quand la parcelle qu’ils viennent de déclarer infertile est contiguë d’une parcelle couverte de riches cultures comme la vallée du Nil les produit depuis des milliers d’années.