Une chance s’est ouverte pour reconstruire un projet collectif progressiste ! février 2017.

Dans le paysage politique français en plein chaos à la veille de l’élection présidentielle, les reclassements et rebonds actuels ouvrent des voies radicalement différentes, entre repli, peur et haine de l’Autre, poursuite de la domination libérale de l’oligarchie sous une forme droite-autoritaire ou social-démocrate, et perspectives crédibles pour reconstruire un mouvement progressiste.

En Grande Bretagne, en Allemagne, en Espagne, en Italie, en Pologne, aux Etats Unis, les partis sociaux-démocrates sont en pleine recul alors même, paradoxe, que le capitalisme traverse une crise d’une profondeur inégalée depuis la crise de 1929. Avoir adopté la politique libérale est le baiser de la mort de la social-démocratie.

Un espace pour reconstruire une alternative crédible pour répondre aux ravages politiques, sociaux, culturels, sécuritaires du libéralisme est désormais ouvert.

En France, Jean-Luc Mélenchon élabore un programme original et une approche résolument anti-libérale. Il devra se méfier de lui-même et de ses certitudes. La social-démocratie a fait émerger par un vote populaire un candidat, Benoit Hamon, qui conteste ouvertement la ligne politique de son parti. Il devra rester clair dans cette opposition, loin des manœuvres d’appareil des caciques. Yannick Jadot et les écologistes ont tranché depuis longtemps en se situant clairement dans le camp qui associe l’écologique et le social. De nombreuses conditions sont réunies pour reconstruire une alternative à une échelle de masse.

Deux étapes majeures, à très court terme, sont à franchir pour amorcer la construction de cette alternative :

1/ un rapprochement entre les trois candidats, pour élaborer une plateforme commune, déterminer un mode de choix entre eux trois pour ne présenter qu’un seul candidat à la présidentielle de mai 2017, et définir leurs rôles respectifs en cas de victoire. Le choix par tirage au sort entre les trois leaders sur la base d’un accord sur le fond fait partie des solutions. Ce procédé a des références historiques depuis la démocratie grecque antique ! La reconstruction se fera par l’innovation sociale et politique.

2/ établir dans le programme commun aux trois leaders une jonction entre les revendications sociétales des classes moyennes urbaines qui tournent autour de l’extension des libertés individuelles, et les revendications des salariés autour des droits sociaux. Les 2 manifestations antagoniques qui ont déferlé aux USA le jour de l’investiture du président Trump montrent bien la fracture entre les classes moyennes urbaines instruites qui luttent pour l’égalité horizontale (contre les discriminations de sexe, de couleur, d’origine, d’orientation sexuelle) en des luttes qui n’affrontent pas les intérêts de l’oligarchie au pouvoir, et les ouvriers qui ont subi depuis plusieurs dizaines d’années des reculs sociaux considérables, en première ligne contre les puissants intérêts au pouvoir, en une opposition verticale. Or les classes moyennes urbaines ne se soucient pas, jusque là, de la souffrance ouvrière, laquelle est récupérée, aux USA comme ici, par les partis xénophobes, homophobes et nationalistes…

L’alternative à construire passe par les prochaines échéances électorales, présidentielles et parlementaires, comme autant d’étapes pour valider, légitimer, donner un élan à ce dessein. Au-delà de ces échéances, il s’agit de reconstruire un projet collectif, en rupture avec les formes, les pratiques et les objectifs des partis « de gauche » actuels en pleine déconfiture. Un projet collectif à l’écoute des initiatives citoyennes qui éclosent sur les territoires, à échelle locale, en profitant des échéances électorales pour fédérer ces énergies jusque là dispersées. Un projet ouvert sur le monde, à la recherche d’alliances avec les forces sociales qui émergent ici et là, au Sud comme au Nord, associant écologie, social et nouvelles formes de gouvernance.